lundi 16 août 2010

Chroniques d'un août de panoplies d'Ankou‏

Mot: Matière première de tout mensonge, moyen imparfait de communiquer, il reste toutefois le seul dont dispose l'humanité.
Si les mots restent optimaux pour certains types de situation:

Ex: - Attention! Derrière-toi! Le bonhomme hiver!

Ils sont en dessous de tout pour d'autres:

Ex: - Je pense qu'il doit y avoir un mot pour ce sentiment...Se réveiller le matin et regarder le ciel gris?
     - Le bourdon?
     - Non, cela fait penser à des petits animaux sympas.
     - Le cafard?
     -  Non, les cafards sont dégoûtants.
     - Le spleen?
     - Est-ce que j'ai l'air de porter une redingote et de fumer de l'opium?
    - Tu sais, peut-être que tu commences à me baver sur les rouleaux, là.


Lecteur, les mots sont bien trop souvent de tristes approximations de nos rêves, des simulacres en plastique taïwanais de nos désirs, des barbes de père noël dont on voit pendre la ficelle. Certains d'entre eux ne survivront que dans certains écosystèmes donnés, comme ces blanches salamandres et ces bloblotants mollusques des cavernes où jamais n'a brillé de soleil. Ainsi en est-il d'étancher, de gésir et autres battages, que l'on sort parfois pour qu'ils s'aèrent un peu. D'autres sont usés jusqu'à la trame, perdent des bouts, perdent du sens, à chaque fois qu'ils sont répétés et/ou entendus. Certains lassent et d'autres rassasient mais bien souvent on éprouve qu'indifférence à leur égard, alors que eux nous servent depuis que l'on est en état d'exprimer l'essentiel: J'ai mal, j'aime et j'aime pas.
Les mots peuvent être des armes, parfois contre les autres, souvent contre soi-même:

Ex: - Allez-y, tirez si vous êtes des hommes!

Flavien Bédu, revolutionnaire optimiste, derniers mots.


Tout de même, parce que la beauté se fait bien rare, certains mots valent la peine d'être supportés:

Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. - Ô Rumeurs et Visions ! 

Départ dans l'affection et les bruit neufs !

Arthur Rimbaud 

 
Il toutefois possible que l'on puisse se passer d'eux, que l'on puisse se comprendre sans y avoir recours, comme il est possible qu'au bout de l'arc-en-ciel se trouve vraiment un leprechaun aviné avec un chaudron de pièces d'or.
C'est possible.

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