mardi 22 décembre 2009

Chroniques d'un décembre de force coubettes et plumets‏

guillotine: outil égalitaire de première catégorie.
Tous les décapités font la même taille.
Incomparable toutefois à la lapidation, cette exquise forme de démocracie:un homme, un caillou.

anesthésie
:substance qui permet d'atténuer, voire d'escamoter la douleur.
Il est amusant de noter que c'est souvent considéré comme nécessaire lors des douleurs concernant le corps, mais hautement réprouvé en ce qui concerne celles de l'âme.
Certaines personnes souffrent. D'autres, hélas! Préfèrent vivre leur vie entière sous anesthésie.
Fais ton choix lecteur: les brumes vaporeuses ou la blanche douleur?

mercredi 16 décembre 2009

Chroniques d'un décembre qui sautille dans le coin gauche‏

mardi: Jeudi à l'envers.

marée: terme qui désigne l'incessant mouvement de l'eau. Il est amusant de noter que cette dernière, lorsqu'elle se retire, laisse des débris, comme on vide ses poches en rentrant le soir. Il a été prouvé ( colloque d'Advent City, Spitzberg, janvier 2000 ) que les fêtes partagent la même constante que les marées: lorsqu'une fête se retire, elle laisse derrière elle des bouteilles vides ( rarement porteuses de messages, sauf si l'on considère une bouteille vide comme un message en soi), d'épars débris composés essentiellement de cendres, de papiers, d'instruments incompréhensibles venus des tréfonds de certaines civilisations et immanquablement des naufragés aux yeux hagards.
Le pluriphysicien Paul Melun, dans son ouvrage bien connu ( Une illumination au Super U, presses universitaires de Blois, édition annotée et commentée, 2001), fait remarquer que ce que l'on nomme fêtes, n'est rien d'autre qu'une seule et unique fête, sujette à des fluctuations.
L'homme de goût, comme le marin de renom, sait toujours se retirer avec elle, pour ne jamais connaître les affres du ressac. Ainsi:

- Je suis le courant depuis quinze jours : j'ai assisté au bal de la confrérie des rempailleurs de chaises, aux fameuses mascarades des caissières de l'hyper-Marché de Limay, à une soirée dans un appartement de Portishead comptant quatre vaches et une douzaine d'invités déguisés en laitières, au légendaire éffeuillage des camionneurs de la gare routière de Belgarde, ainsi qu'à un vernissage à Aubonne, comprenant soixante kilos d'oeufs, une cible, trois kilomètres de scotch et une suédois unijambiste déguisé en poulet.

Paul Melun, une illumination au Super U, op.cit.


discipline: choix d'un horaire, d'un carcan et d'une étiquette. Que ton horaire soit rempli, que ton carcan se confonde avec le ciel, ô lecteur! et que ton étiquette soit jetable, recyclable et en confettis.

vendredi 11 décembre 2009

Chroniques d'un décembre bien frappé, avec une olive et beaucoup de glaçons‏

Luminaire: insecte géant, fruit des expérimentations démentes des stylistes, le luminaire comprend beaucoup de sous-espèces, parmi lesquelles la lampe d'apparat, le lustre, l'humble veilleuse ou le dégoûtant néon. Pendant la nuit, lorsque les humains dorment, ils marmonnent dans leurs charabia de luminaires. Parfois ils se déplacent, cherchant un sens à leur vie absurde.
Il est peu de choses aussi tristes qu'un luminaire gangrenée d'existentialisme, ou en proie à des crises de foi.

répéter:bien souvent, commettre une faute de goût.

séduction
: denrée des plus rares, qui peut se dissimuler au coin des yeux, dans les mains, les pieds et même les oreilles. Toutefois, de récentes recherches (colloque du jardin de L'Alcazar, Séville 2003) s'accordent aujourd'hui pour considérer que le plus souvent, un des emplacements les plus sûrs reste la gorge et ce, bien après qu'elle ne se soit évaporée ( car la séduction, gaz extrêmement rare, s'évapore bien plus facilement que l'azote) de tous ses autres emplacements.
Etre séduit, n'est que céder à une force aussi indiscutable que la gravité.
Il est aussi facile de s'en défaire que de flotter dans les airs.

vendredi 4 décembre 2009

Chroniques d'un décembre sur la pointe des pieds‏

opinion: choix que l'on considère comme sien. A notre heure de partage tout azimuts, il est toutefois possible de céder son opinion, ainsi que sa capacité à penser par soi-même, contre un pourcentage de sécurité.
Il est des gens qui changent d'opinion comme de chemise, ce qui est assez triste et d'autres, eux, qui n'assument pas les leurs et se contentent d'adopter certaines opinions qu'ils ne voudraient pas voir exposées à voix haute, parce qu'elles ne sont pas si bien que ça. C'est définitivement nauséabond, bien que cela rassure, comme le disait le Poilu Inconnu ( et qui tient à le rester):

- C'est celui debout sur la barricade qui prend les balles.

Il faut plus de courage pour allumer le bûcher d'une sorcière que pour agiter sa fourche à l'arrière en scandant, (un peu moins fort que les autres) ouais, c'est ça et autres j'aurais pas mieux dit!
Sois un imbécile, ô lecteur, mais un imbécile original. Sache esquiver la bêtise industrielle, dont la marque de fabrique est le label: Il fallait que quelqu'un le dise, hélas disponible dans toutes les salles où les gens se regardent entre eux avant de savoir s'il doivent applaudir ou huer.

berger: joyeux luron qui décide où paissent des ovins ou des bovins décérébrés mais heureux, parce que leur herbe est verte.
Il est un détail à propos des bergers que leurs sympathiques animaux ignorent: un jour, ils le suivent dans une grande maison, là où travaillent de grands hommes tranquilles, vêtus d'un blanc virginal.
Et le berger ressort.
Tout seul.


passé
: Illusion entretenue et polie avec soin, qui peut être déformée à volonté.
Inévitable matériau pour élaguer un présent, mais qui ne s'adapte mal aux normes de construction d'un futur.

lundi 23 novembre 2009

chroniques d'un novembre de mouchoirs et paquebots‏

épidémie: Se dit généralement d'un phénomène qui gagne du terrain et se répand à travers le genre humain, qu'il s'agisse de la coupe mulet ou de la peste noire. L'humain étant par nature un vase communiquant ( à moitié vide ou à moitié plein, c'est selon), l'épidémie est son destin depuis toujours. A noter que le phénomène d'épidémie s'apparente à celui de l'eau: il coule toujours vers le bas: il n'y aura jamais d'épidémie d'aficionados de l'expressionnisme, par contre nous risquons de devoir supporter encore longtemps les épidémies de mulets.

calendrier
: Il est des calendriers qui s'effeuillent et s'amenuisent, d'autres qui luttent, au moyen de photos, pour adoucir le temps qui s'en fuit, mais au final, les uns et les autres ne sont qu'un compte à rebours de notre mortalité.
Même les calendriers des pompiers.

abdication: volonté royale de:
1. partir la tête sur les épaules.
2. pouvoir jouir d'une retraite bien méritée et d'une page dans les livres d'histoire qui ne se résume pas à son exécution/ exil/ lynchage.

courir: la même action que marcher mais en ayant un seul pied à la fois qui touche le sol.
Il n'est pas indispensable de savoir courir.
Il n'y a pas grand chose qui vaille la peine d'être poursuivi à la course à notre époque.
Toutefois, cela peut se révéler utile lors de certaines situations:

Ex: - Il y en un là-bas! Sortez les torches et les fagots!

vendredi 20 novembre 2009

chroniques d'un novembre d'ouate moite‏

fossile: Se dit du résidu persistant d'une époque révolue.
Les ammonites, les trilobites et la monarchie constitutionnelle sont des fossiles.

perplexité: sentiment d'incompréhension généré par un certain nombre de divergences de schéma. La perplexité est soudaine mais peut persister bien longtemps après la disparition de l'objet qui l'a initiée:

Ex:- Oui, nous sommes mariés depuis bientôt depuis trente ans.Mais...
- Mais quoi?
- Cela continue de me rendre perplexe.


la perplexité est peut-être la mère naturelle de la curiosité, le père, lui, reste inconnu de nos services.

vaincre: lorsqu'un consensus général, obtenu à l'aide de la violence ou d'une forme plus subtile de coercition, considère un individu, un pays, un continent comme ayant un léger avantage, dans un présent immédiat.
Le futur n'est pas inclus dans le lot, comme l'a fait remarquer certain monarque:

Ex: - Ok, les gars, on a gagné. Le dernier qui sort éteint la lumière.
Pyrrhus Ier, à Ausculum


Il est intéressant de noter qu'en terme de victoire militaire, la règle a très longtemps été l'addition et la soustraction: prenez vos hommes, soustrayez-y les cadavres, et si la différence des deux était supérieure à celle de l'adversaire, alors vous étiez considéré comme vainqueur. Depuis, on a inclus les bâtiments et les civils dans l'équation. Ce qui rend militaires et civils ( pas très longtemps, il est vrai) assez perplexes.
Toutefois, vous êtes considéré vainqueur par forfait si l'adversaire n'existe plus.
Vaincre est un sentiment humain, qui génère une joie proche de la toxicomanie:

Ex: - Higgins, mon bon, on s'habitue à vaincre, vous verrez.


allumette: Il arrive parfois qu'un objet ne puisse plus être amélioré, ni même repensé d'une façon plus efficace. L'allumette en est. Simple, élégante, elle traversera les éons, tandis que des empires de rasoirs et de sèche-cheveux verront leur apogée puis leur déclin. L'allumette, humble, elle, continuera son petit bonhomme de chemin et elle sera encore lorsque le reste ne sera plus que ruines et cendres.

vendredi:congé maladie de la responsabilité.

mardi 17 novembre 2009

chroniques d'un novembre d'artichauts, venaison, châtaignes et cidre‏

lassitude: sentiment dont chacun porte l'entière responsabilité. Un daltonien confond rouge et vert, mais ces deux couleurs existent pourtant. Si le monde te semble gris, lecteur, si rien ne t'amuse, si tu n'as pas plus d'envies que de dégoûts, alors mange, bois, car le coeur ne peut être conquis, mais l'estomac si.

discernement: capacité à pouvoir déterminer ce qui peut être réalisé ou pas.

Ex: - Nous allons les prendre en tenaille, Higgins. Ils ne pourront rien contre nous!
- Général, il ne nous reste plus que le trombone et le triangle!
- Prenez le trombone avec vous. Le triangle et moi allons les prendre à revers. Jusqu'à la victoire!


cette capacité fluctue avec les heures, les humeurs, les avis et les boissons consommées. Il est malheureux de la perdre tout à fait, car il est dès lors certain , que l'on risque de connaître pleins de moments passionnants.

Ex: - Vous, monsieur avec les bras imposants! Je vous jette le gant!

Silas Menu, derniers mots.

Chroniques d'un novembre de divines trouées‏

autonome: qui possède une certaine capacité d'auto-détermination quant à sa mobilité, son lieu de vie, la façon dont il emploie son temps et ses viscères.

soif: besoin pressant d'ingérer du liquide. L'eau reste la meilleure des options pour étancher la soif ( lorsque soif se manifeste, étancher ne tarde jamais à rappliquer, car c'est là sa seule apparition publique envisageable, allez, allez, on l'applaudit), mais il est des gens pour soutenir le contraire et qui, malheureux! S'emploient à le démontrer à l'aide de boissons généralement basées sur de l'éthanol, un poison pour l'organisme.
C'est que, malgré ce qu'ils prétendent, ils n'essayent pas d'étancher ( dernier tour de piste!) quoique ce soit.
La pyramide de Maslow n'a jamais été plus affutée que par les buveurs impénitents.

amour: sentiment qui rime avec humour.
La comparaison s'arrête là.
Mot tellement boursouflé d'espoir humain qu'il a basculé depuis longtemps dans le désordre le plus total: fatras de croyances, de rêves, de visions paradisiaques de gens courant au ralenti, d'hommes qui vont prendre le train mais finalement LA voient arriver et du coup loupent leur correspondance, de femmes qui se retournent et Paf! il est rentré de la guerre, de gens qui jamais ne se cassent de dent lorsqu'ils plongent avec passion l'un sur l'autre et de couples qui préfèrent la mort à la séparation, la mort à la perte, la mort d'une rivale au départ de l'amant ( et vice-versa).
La réalité, c'est que vous pouvez passer des heures dans une gare, elle vous trouvera pas, courir sur le sable toute la journée sans croiser personne, ne pas rentrer de la guerre, ni mourir d'amour. Face à un tel pandémonium de sens et d'émotions fixées ensemble avec du scotch de carrossier, une des options est la négation par le rationalisme:

Ex: - L'amour? Un concept inventé au Moyen-Âge! C'est dépassé tout cela.

Ce qui donne des êtres tristes et persuadés d'être les seuls de la milonga à savoir danser le tango.
L'autre option est l'acceptation bloc:

Ex: - L'amour? Je le sens dans les fleurs et les écureuils, dans le soleil et la mer.


Ce qui est presque aussi désolant que la négation de l'amour, parce que ces gens vont vraiment attendre longtemps à la gare.
Le mieux, ô sagace parmi les sagaces qui me lit, est ignoré du commun des mortels.
Que chacun fasse comme il l'entende.

mardi 10 novembre 2009

Chroniques d'un novembre de claquettes et parapluie

Insomnie: Lieu qui se trouve après la porte de minuit, au fond à gauche.
C'est un endroit qui est plein de livres, dont les commodes débordent d'ennui et les rideaux sont grands ouverts sur une rue déserte. Parfois, la porte reste coincée et on arrive pas à sortir de la pièce pendant de longues heures. Quand on parvient finalement à débloquer cette fichue porte, on s'aperçoit qu'il fait jour, que le facteur est passé, que des gens marchent dans tous les sens, que les camions sont vraiment bruyants et les bus sournois, les couleurs trop vives, les odeurs trop fortes et inexplicablement, quelqu'un a échangé notre corps avec un autre modèle, une taille trop petite.

ponctuation:humeur des mots. Il est étrange que ces quelques petites indications puissent avoir autant de force. Ainsi:

Ex: - Je t'aime.

A quelque chose d'assez définitif, comme une table de cuisine, des tasses ébréchées, un pendule et des vieux doigts entrelacés.

Ex: - Je t'aime!

Résonne comme un homme qui danse avec agilité sur un grand boulevard, à la lueur des lampadaires, entouré de passants fabuleusement doués pour la chorégraphie spontanée.

Ex: - Je t'aime!!!!!!!!


Fleure bon le journal intime à cadenas, l'acné et les peluches.

Ex: -Je t'aime?!


l'incertitude la plus totale, voire le cinéma d'avant-garde.

Ex: - Je t'aime?

évoque simplement une camisole de force.

Ex: -Je...t'aime.

Quant à lui, soit le point culminant de la vie d'un bègue, soit un touriste chinois qui s'essaye au charme à la française à l'aide de son guide de conversation.
Quoiqu'il en soit, dites le avec des fleurs, cela évitera toute confusion.

basculer: verbe qui suggère un changement, qui survient suite à un déséquilibre.

Ex: - Alors il a regardé sa cravate, ses boutons de manchette, puis encore sa cravate.
- Et c'est là que tout a basculé?
- Oui. Je ne l'ai revu que dix ans plus tard, à Calcutta, lors d'un colloque sur l'élevage du hamster en milieu urbain.

vendredi 6 novembre 2009

chroniques des brises de novembre‏

dialogue: échange d'idées, d'insultes, de compliments et, soyons francs, d'inepties entre au minimum deux individus. Lors d'un dialogue, nos capteurs sont tous tendus à l'extrême, cherchant du sens, de la profondeur, à chacune des idées que nous soumet notre interlocuteur.
Cela est la situation idéale.
A savoir que les conditions suivantes sont remplies:
1. On a envie de parler
2. On a envie de parler avec cet interlocuteur
3. On a envie de parler de tel sujet avec cet interlocuteur.
Comme il est aisé de le constater, en réalité, il est extrêmement rare que l'on puisse regrouper ces trois conditions.
Après, évidemment, tout n'est qu'exercice de nos capacités sociales et surtout, de notre patience.
Il faur reconnaître que nous sommes prêts à ingérer un volume conséquent d'inepties, pour autant que celui qui les déverse ait un quelconque intérêt à nos yeux:

1. On est mariés avec
2. Il/Elle est beau/belle comme le jour et sa voix est un enchantement
3. On peut espérer une promotion sociale pourvu que l'on feigne l'ébahissement et la fascination.

Ex: - Vous ai-je raconté, mon bon Higgins, comment nous avions repoussés les cruels membres de la tribu Mgenbo, sur les rives de la rivière Waik?
Soupir
- Non, général, jamais.



profiter: tirer avantage d'une situation, ou de quelqu'un. A savoir que profiter de est souvent péjoratif alors que tirer profit de, lui, ne l'est pas. La différence est pourtant ténue, vous en conviendrez:

Ex: - Nous avons su profiter de cette situation, afin d'accroître nos bénéfices...

Ex: - Nous avons su tirer profit de cette situation afin d'accroître nos bénéfices...


la seconde expression suggère une forme d'impersonnalité qui est préférable, surtout lorsque l'on parle de profit. La première est bannie du vocabulaire de management usuel.
C'est amusant, tout de même.

science-fiction
: domaine de prédilection de ceux qui s'emploient à imaginer d'autres mondes, avec d'autres valeurs et bien souvent quelques entorses à des lois aussi tristes que la gravité, le nombre de bras par habitant ou encore la tectonique des plaques ( essayez cela sur un monde plat comme une pizza).
Considérés comme des marginaux, sous prétexte qu'ils parlent d'irréalité, les auteurs de science-fiction sont rarement pris au sérieux.
Ils ennuient, dérangent et le plus souvent bavent et se suicident ( pas forcément dans cet ordre-là).
Pourtant, leurs délires sont l'Atlantide, une ferme avec des animaux qui parlent, un homme que personne ne voit et que tous bousculent, des manipulations génétiques sur une île, l'invention du métro avant le métro, la folie des hommes cherchant le bonheur, l'ineptie de ceux qui désirent vaincre la mort à tout prix.
Ils ne sont rien d'autre que les rêveurs de l'humanité et si tout le monde a sa place ici bas, la leur est dans les nuages.
Messieurs, chapeau bas!

mardi 3 novembre 2009

chroniques d'un novembre dans toute sa splendeur

coeur: Insomniaque métronome de notre existence, pendule que l'on ne peut pas remonter.
Organe qui, étrangement, peut être percé, brisé, desséché, éclaté et malgré tout remplir son simple rôle de pompe.
Il est des coeurs énormes et d'autres tous petits, des coeurs d'acier faits pour les cascades et d'autres vendus avec leur pot de colle.
Des coeurs comme des raisins secs ou des pastèques juteuses, des coeurs amers comme le café, verts comme une pomme d'août, des coeurs mûrs aux saveurs de madère, des coeurs au rythme entêtant, des coeurs étêtés, des coeurs qui miment chaque sentiment, des coeurs nus, des coeurs crûs, des coeurs en caparaçon, des coeurs parés de cilices, des coeurs morcelés.
Leur destin à tous, ô lecteur, est le défibrilateur.

paresse: lorsqu'elle est pratiquée dans notre civilisation, elle est un vice. Si elle est excercée par des petit moines dans un pays lointain, sur une montagne escarpée, elle est nomée détachement et elle est érigée en vertu.
C'est toujours meilleur quand cela vient de loin.

voleur: homme qui s'introduit nuitament chez vous avec l'intention d'en dérober ce qui a de la valeur.
De jour, on appelle cela un huissier.

lundi 26 octobre 2009

chroniques d'un octobre à l'arraché

nuage: parfois lorsque les hommes ne sont que trop présents, leurs voix trop pesantes, leur ordres trop bêtes, leurs yeux trop fixes et leurs mouvements trop synchrones, il est bon, ô lecteur, de laisser glisser notre regard sur les nuages, les fabuleux nuages.
Indifférents, purs et lointains.

vendredi 9 octobre 2009

chroniques d'un octobre pied sur le caillou et main en visière‏

trottoir: lieu de transit, réservé au piétons, aux patins à roulettes, aux trottinettes, aux voitures parquées.
Lieu de travail, aussi, mais le léxicographe s'abstiendra de tout commentaire, concernant ces pratiques.

autochtone: adjectif barbare utilisé pour définir des peuples qui sont originaires d'un lieu. C'est là une absurdité. Tout peuple est originaire de quelque part.
En occident, terme généralement utilisé pour désigner ceux qui portent des os dans le nez et ignorent les merveilles de la civilisation, tels que l'atome, l'accès au réseau câblé et les formulaires administratifs.

mercredi 7 octobre 2009

chroniques d'un octobre de masques et de casques

fusil: il est des objets qui sont crées pour enrichir la vie, comme les violons et d'autres pour la simplifier, tels que les pelles.
Le fusil existe pour l'ôter.
De loin.

confort: ultime dictature et première concession que l'on accorde, par paresse et facilité.
Idole qui reçoit l'amour de chacun, idéalophage et irréfutable.
Son Vatican est dans le mobilier et ses cantiques jaillissent de chaque affiche, de chaque image et de chacun.
Il est intéressant de se pencher sur la proximité lexicale de confort et du verbe conforter.

Société secrète: tout ensemble qui adopte un nom et des costumes. Les pompiers, les scouts, l'armée du salut, l'ordre de la troisième aube, la très honorable société des tisseurs de rideaux, ainsi que les membres de la confrérie de la croix cruciforme sont des sociétés secrètes.
Cette dernière n'est plus en activité depuis la découverte du Graal par le professeur Henry Walton Jones, son fils Henry Walton Jones Junior, Marcus Brody et Sallah Mohammed Faisel el-Kahir.

mardi 6 octobre 2009

chroniques d'un octobre de vert de brun de gris‏

décontracté: attribut de ceux qui affirment qu'ils ne suivent les règles que par éducation. On croit souvent ( à tort) que les vêtements y jouent un rôle quelconque. C'est une erreur.
C'est parce que l'on joue un rôle dans ces habits-là que l'on s'en libère.
Combien de pauvres hères ne se révèlent-ils pas éblouissants et pleins d'esprit derrière un déguisement?
Voilà le secret, lecteur: il suffit de te répéter que tu es déguisé en permanence.
Tu ne seras pas toujours de bon goût, mais peut en chaut: tes habits n'auront plus la moindre importance. (n'oublie pas d'en porter tout de même, car la nonchalance étudiée est une chose, mais il est toujours difficile de rester décontracté en cellule de dégrisement).

alerte: sous forme d'adjectif, s'emploie pour décrire un être humain d'un âge vénérable qui n'a pas besoin d'aide pour se lever.
Il est possible d'utiliser ce terme pour d'autres personnes, mais on se sent pris alors d'un incompréhensible malaise.

Ex: - Quel alerte jeune homme!


Ou pire encore:

Ex: - jamais je n'ai vu d'écureuil plus alerte!


Laissons au grand âge ses spécificités.

beauté:qualité que partagent les couchers de soleil, les chrysanthèmes, la barrière de corail, certains hommes et certaines femmes.
Comme on peut le voir, à aucun moment il est question de cerveau.
C'est d'ailleurs un fait que beauté et bêtise vont souvent de pair.
C'est simplement une stratégie de pérennité. Le laid doit composer, comprendre, se construire, apprendre des autres et de lui-même.
La beauté se moque de tout cela. Elle se se contente d'être.
La notion de beauté varie de regard en regard, mais il est généralement admis qu'il existe La Beauté, à laquelle tous sont sensibles.
Une vieille légende suggère que lorsque l'on est quelqu'un de bon, cela transparait et nous sommes également beaux. Comme si les crapauds se transformaient vraiment en princes. Le lexicographe conseille de se pencher sur l'abbé Pierre, Thérèse de Calcutta et Gandhi.
A chacun de tirer ses conclusions.

talons: forme de masochisme qu'une très grande part de la gente féminine ( ainsi qu'un petit pourcentage de la gente masculine) s'inflige, pour des raisons d'élégance et de mode. De la mode, on se gardera d'en dire ne serait-ce qu'un mot. Quant à l'élégance, c'est une norme variable. On peut trouver de l'élégance aux hérons et aux poules.
Sinon pourquoi certaines s'ingénient à copier leurs démarches?

lundi 5 octobre 2009

chroniques d'un octobre qui avait oublié ses clés‏

clé: objet doté de vie, dont la fonction est d'ouvrir des portes. Il est certainement des clés honorables, qui s'acquittent de leur devoir avec noblesse et rectitude, mais hélas, les récentes études ( colloque de Châteauneuf-d'Oze, 2006) ont démontré, que si l'on pose des clés dans une pièce vide, que l'on s'absente entre 10 à 12 secondes ( le test le plus concluant ayant été réalisé à 11 secondes 43 centièmes par le groupe d'étude du professeur Enberne de l'université populaire de Melun) et que l'on revient, les clés sont introuvables.
Il est du devoir du lexicographe de dénoncer cette situation qui n'a que trop duré, quelques puissent être les conséquences.

chroniques d'un octobre au goût d'amontillado‏

problème: situation qui demande -souvent à grands cris- qu'on la résolve.
Il est des problèmes considérés comme mineurs ( où diantre ai-je fourré mes clés?) et d'autres d'une portée considérable ( c'est quoi ce champignon dans le ciel?).
L'esprit humain a toutefois besoin de problèmes, comme un chat d'une pelote de laine. S'il n'en a pas, il en crée: Mais alors si l'univers est infini, qu'y a-t-il derrière?
La poule ou l'oeuf? Entre positivisme et post-modernisme, la différence est-elle réelle? Pourquoi 95% des rousses ont les yeux verts et la voix grave?
Que suis-je?
Il existe une école, dite de My Lai, qui préconise que la meilleure solution pour régler un problème, c'est de le supprimer, ce qui revient métaphoriquement à nier l'existence du sol lorsque l'on chute d'un avion.
On ne saurait commettre plus grossière erreur, ô lecteur, ni plus définitive.

on-ne-parle-pas-de-corde-dans-l'hôtel-d'un-pendu
: Intrigant proverbe mais néanmoins des plus explicites.

wagon: partie d'un train qui n'est pas devant, donc à la traîne.
On est tous le wagon de quelqu'un.

chou de Bruxelles: aliment qui parvient, exploit des plus tristes! à combiner l'insipide, l'acide et l'amer.
Personne, en dehors d'un rationement pour cause de:
1. guerre nucléaire
2. méteorite déteriorant la croûte terrestre
3. invasion d'accordéonistes
ne devrait obligé de devoir en manger.
Consommer, en temps d'abondance, des choux de Bruxelles, s'apparente à une forme de masochisme alimentaire.

jeudi 1 octobre 2009

Chroniques d'un octobre de raisin et de feuilles mortes

délectable: écouter la pluie sur un toit en tôle, avoir du sable dans les chaussures, entendre des gens discuter tandis que l'on s'endort, boire du vin dans sa baignoire, fumer sous un arbre pendant qu'il pleut des cordes, marcher dans la rue alors que le soleil se lève, regarder une pendule au milieu des rires et réaliser qu'il n'est que dix heures, s'attarder à chuchoter lorsque d'autres dorment, se réveiller avec l'odeur du café ou de la terre humide, manger de la cannelle à la cuillère, du sel avec le doigt, des fraises avec du sucre, une pomme avec du chocolat, du poulpe au paprika, des olives avec des olives et du pain avec rien.
Tout cela est délectable, ô lecteur. Lorsque s'en viendra le moment de quitter la scène, que ces moment aient été nombreux, parce que ni les parques, ni la camarade ne pourront t'en détrousser.

chroniques: petits fragments d'absurde que le lexicographe soumet à un tolérant lectorat depuis un an déjà, pour adoucir le temps et franchement, parce qu'il vaut mieux en rire.

champagne:alcool de la famille du vin ( mais dans cette famille-là, si le beaujolais nouveau est l'oncle qui adore raconter des blagues salaces le dimanche au repas de famille, le champagne est le grand oncle très digne qui porte monocle, particule et soupoudre ses allégations de n'est-ce pas et autres voyez-vous) qui contient des bulles et de l'alcool, ce qui fait un drôle de mélange. Le côté le plus amusant du champagne est bien entendu l'ouverture de la bouteille: plus d'une soirée a pris fin après avoir dû pratiquer une bouchoctomie sur un/e malheureux/se.
Le champagne est la marque de la fête en phase terminale et de la célébration avinée. Lorsque l'on passe le cap de la troisième bouteille, il n'est pas rare que des chapeaux en carton, des cotillons et autres confettis se matérialisent.
Aucune théorie concluante n'a pu être avancée au jour d'aujourd'hui.

mercredi 30 septembre 2009

Chroniques d'un septembre qui s'enfuit l'été sous le bras

vertement: Mot qui ne peut survivre que dans certains écosystèmes linguistiques précis. Caractérise un certain type de remarques. Vertement à besoin du verbe tancer, autant qu'une gonade à besoin d'eau salée.Voici un exemple de remarque qui pourrait recevoir le label vertement.

Ex: - Faut-il que je porte mes bagages moi-même? Que sont ces grandes choses aussi molles que ridicules qui pendent au bout de vos bras? De la pâte à pain?

Les gens qui se permettent de tancer vertement leur prochain ont généralement l'âge comme argument. Argument discutable, car ce n'est pas parce que l'on était en couches le jour du débarquement que cela donne le droit de martyriser son prochain au moyen des mots. De plus, lorsque l'on est vieux, la cours à pied devient un exercice des plus compliqués.En fait, tancer vertement peut être une forme de suicide, surtout avec du petit personnel excédé: combien de fois a-t-il fallu désincarcérer une vieille dame, par ailleurs fort digne, de sa valise en crocodile, tandis qu'à ses côtés se tenait un chasseur, le regard vide et la bave aux lèvres? Combien de vieillards couchés à plat ventre sur un tapis roulant tandis qu'une caissière consciencieuse leur enfonçait avec détermination des carottes dans les oreilles?
Lecteur, si tu viens à vieillir, ne tance pas vertement. A moins d'être pourvu de gardes du corps.
Hélas, le plaisir, une fois encore, est chose de nantis.

humain:sous forme de nom, représente une espèce de primate classé parmi les grands singes. Sous forme d'adjectif, il justifie des erreurs de jugement, des guerres et même le fait de jouer de l'accordéon. Le plus amusant, c'est qu'il est aussi utilisé pour considérer une conduite positive et digne.
Voilà une énigme insoluble.

frustration:Grand moteur de l'humanité. la frustration s'apparente à la haine, mais sa cible est le monde entier. Surtout le monde entier qui nous empêche de (biffer ce qui convient) : nous réaliser/ être reconnu pour son génie/ obtenir cette fabuleuse maison, voiture, femme, bijou, homme, caniche, table design qui ressemble à un pot de chambre, photo avec Alain Delon.
Les gens souffrant de frustration se retiennent à grand peine de balancer leur genou dans l'entrejambe de l'univers et le plus souvent, ils ne se retiennent pas de le faire, pourvu que leur conduite soit démocratiquement jugée comme nécessaire.
Celui qui en est victime étant, bien entendu, en minorité absolue.

vendredi 25 septembre 2009

Chroniques d'une lent crépuscule inexorable

consolation: ce que l'on garde lorsque l'on obtient rien. Cela peut être un prix dépourvu de sens et les prix étant toujours laids, ce qui les sauve de l'oubli est le sentiment qu'ils génèrent. Que subsiste-t-il si on leur retire cette lueur de victoire? Au choix: une coupe laide à faire avorter une nonne, une médaille qui ne ressemble à rien, voire un bouquet qui rend honneur aux légumes.
La consolation est une espèce de certitude qui soutient,( contre la réalité des plus tangibles) que les choses auraient quand même pu tourner à notre avantage et qu'au final, on a presque gagné, même si on a perdu.
La consolation, c'est la défaite qui se regarde dans le miroir et se trouve un air de famille avec la victoire.

mercredi 23 septembre 2009

Chroniques d'un été dans une petite urne

désolation: paysage dévasté qui prend généralement tous son sens dans un bureau entre sept heures trente du matin et neuf heures. Oublie Azincourt, Verdun et Waterloo, ô lecteur et contemple, oui, contemple les visages de ces hommes et de ces femmes: leurs yeux cernés, le pli amer au coin des lèvres, l'impression que de leurs sourcils à leurs lacets, tout est en train de tomber,vaincu par le poids de la terre.
Si l'enfer existe, il ne sera pas écarlate, paré de costumes baroques, de ricanements imbéciles et de sourires sardoniques sous des cornes d'opéra italien, non. Il sera blême, grisâtre et chacun de ses démons sera ton collègue qui souhaiterait tellement être au Bahamas.
Pour gagner cet enfer, nulle grotte, mais la porte de n'importe quel office.
Toi qui rentre en ce lieu, à ces heures grotesques, abandonne tout espoir.


apprendre: à première vue, acquérir des connaissances. En réalité, le plus souvent, il s'agit d'abandonner des idées reçues.

lointain: ce pays où nous irons quand nous aurons le temps, l'argent, l'envie.
Ce pays qui est tellement plus beau qu'ici. Ce pays où les gens son sympathiques, ouverts et compréhensifs. Ce pays dont l'eau est du nectar et le soleil, une caresse.
Ce pays qui n'existe pas en un seul morceau, mais que l'on arpente tout au long de son existence.

automne:la seule saison où on s'emploie à raconter celle qui l'a précédée. Que l'on peut représenter par un bonhomme paré de lierre et de pommes, fleurant bon le beaujolais nouveau ou comme un grand échalas qui nous tourne le dos, les poings serrés dans les poches, la tête courbée sous la pluie.
Encore et toujours une question de choix.

jeudi 17 septembre 2009

Chroniques d'un septembre de limbes et de limbo‏


tarter
: appliquer bruyamment le plat de la main sur le visage d'un tiers. Cela peut être considéré comme thérapeutique, lorsque l'on est le donateur: il a été prouvé que le fait de tarter prévient les ulcères d'estomac.
A n'utiliser, toutefois, qu'à doses homéopathiques.

maudire: volonté dérisoire d'un individu prétendant se substituer au destin.

Ex:- Que tes intestins se dessèchent tandis que tu mangeras du tapioca!


Ne maudis pas, ô lecteur! Contente-toi de regarder attentivement la vie d'autrui.
Tu réaliseras que toute malédiction est superflue: le hasard possède un budget illimité et les meilleurs scénaristes de la place.

tergiverser: faire des claquettes sur du sable mouvant.

bizarre
: qui sort du commun. A noter que le mot bizarre est lui même assez bizarre. Toutefois savoir ce qui est bizarre n'est une fois encore qu'une question de normes:

Ex: - Tu as vu? Il n'a que trois tentacules!
- C'est vraiment bizarre.


politesse
: vertu que l'on accorde avec ferveur à de parfaits inconnus, mais que l'on épargne généralement à ceux qui nous sont proches.
Cela peut également être une arme de moyenne portée envers des ennemis déclarés: il est des situations où le vouvoiement s'apparente à un Enola Gay survolant gaillardement Nagasaki.

mercredi 9 septembre 2009

Chroniques d'un septembre dans le sens du poil

bercer: provoquer l'engourdissement, puis le sommeil par un mouvement répétitif.
L'homme est le seul animal qui peut se bercer seul, d'illusions, d'amour et de rêves de gloire.

Ex: - Vous verrez Higgins, nous marcherons côte à côte, lorsque nous franchirons le portail de Westminster. La reine elle même nous fera lords.
- Avec la médaille, Général?
- Avec la médaille, la coiffe et la cape. Mais avant cela nous devons encore nous occuper de ces quelques pingouins.


astucieux: adjectif qui suggère un certain type de personnage: des yeux pétillants,des taches de rousseur, un béret et les mains dans les poches. Le brin d'herbe est en option. L'être astucieux doit avoir des intentions modérément bonnes, à savoir, ne pas vouloir quelque chose de plus que voler quelques pommes, ou lancer quelques cailloux sur un chat attaché à un piquet ( avec le scotch en option).
S'il dépasse les bornes, il devient rusé, ce qui suggère plus de préméditation ( et d'intelligence) ou diabolique ( ce qui laisse entendre une accointance avec le plus malin d'entre tous).
A ce moment-là, il perd ses droits sur le béret et le brin d'herbe.
Les gens astucieux sont généralement brûlés une fois reconnus.
Personne n'aime les petits malins qui volent des pommes et partent en lançant une réplique de ce style: haha! ces pommes sont délicieuses! ou encore mettez en de côté pour la prochaine fois!
Si vous avez un problème de petit malin qui non seulement croit avoir inventé la poudre mais aussi l'eau tiède, ô lecteur, ne soit pas désemparé. Il existe une société secrète habilement dissimulée sous l'appellation PLM! ( Pendez les Petits Malins!) qui sera ravie de te prêter assistance, secours et matériel.

bastonnade
: divertissement en voie de disparition. On peut être bastonné avec style. Au Cambodge, les gens de sang royal ne pouvaient être bastonnés. On les plaçait alors dans un sac en soie la plus fine, puis on appliquait vigoureusement sur ledit sac du bois de santal parfumé, manié par des gens qui s'étaient lavés les mains.
Tout n'est qu'une question de protocole.

vendredi 4 septembre 2009

Chroniques d'un septembre qui ne fait pas dans la dentelle‏

orgueil: mesure que l'on a de soi-même, dans le sens positif du terme. Un des plus grands fléaux de l'humanité. L'orgueil est auto-suffisant: il n'a besoin d'aucun motif.
On peut simplement être fier d'être fier. Quand on atteint ce stade là, généralement, plus rien nous touche.
Mais nous touchons plus personne, non plus.

vestiges: ruines distinguées qui suggèrent un passé forcément supérieur à ce qu'il était en réalité.
Il en effet fort rare que l'on entende parler des vestiges d'une fosse d'aisance, ou des vestiges d'une superette.
Appliqué métaphoriquement, il peut suggérer l'ombre portée de sentiments éprouvés autrefois. Ces sentiments sont alors plus grands, plus purs et beaucoup moins vrais que ce qu'ils étaient en réalité.
Lecteur, ne te laisse pas prendre au jeu: personne n'est une noble civilisation disparue.

barbe
: poils que certains hommes arborent et certaines femmes évitent.

victoire
: lorsque certains faits de la réalité conspirent en notre faveur.

Ex: - Higgins, je crois que nous pouvons considérer ceci comme une victoire.
- Le gros météore qui est tombé sur ces maudits volatiles nous a aidés, général.
- Si peu, mon bon, si peu.

jeudi 3 septembre 2009

Chroniques d'un septembre en saut de talons bipolaires‏

Rentrée: Morne moment ou chacun décide qu'une année encore, il jouera au même jeu, pourvu des mêmes règles, en compagnie des mêmes joueurs, souvent au même endroit. Si un de ses conditions n'est pas remplie, alors ce n'est pas une vraie rentrée.
Une fois passée, il est intéressant de voir combien d'individus sont déçus du spectacle et cherchent le vomitoire au plus vite.
Il y a un point positif toutefois: généralement, la nature, artiste mime au grand talent, se met au diapason au plus vite et ne lésine pas sur les effets, ce qui permet, même aux incurables, de comprendre que cette fois, ça ne plaisante pas.
Va lecteur, va.
Elle t'attend.

Chroniques d'un septembre en trompettes et cotillons‏

parler: dégrader des idées avec des mots. Ce qui s'apparente au mensonge. L'erreur commise par la majorité des humains ( les animaux, eux se contentent croit-on de cris inarticulés, mais selon l'étude du Groupuscule Armé des Joyeux Biologistes de la Salle 221, (GAJBS221) en réalité c'est un plan pour conquérir le monde. Mais silence! Il y a une mésange qui vous regarde, ayez l'air naturel.) est de croire que parler va arranger les choses.
Non.
Elles iront simplement dans la direction de celui qui est pourvu de la meilleure diction, des bons arguments ou du crâne le plus épais.

tomber: céder, par respect, aux lois de la physique élémentaire. Tomber est le propre de tout, tôt ou tard. Au sens élargi, on peut tomber malade ou amoureux, ce qui est sensiblement la même chose. Sauf que le second exemple a une résistance à tout type de traitement, ce qui n'est pas forcement amusant.
On ne sait toutefois pas si c'est une maladie transmissible.
Certains prient pour que ce soit le cas et d'autres, eux, prient pour être soignés.

abandon: prémisses de l'échec, sauf dans les romans victoriens:

Ex:- Venez Ernestine! voici le bateau qui nous emportera vers Bâton Rouge et le bonheur!
- Oh, Robert! Enfin! Nous serons ensemble, même si Père désapprouve notre union!
Et la jeune fille saisie d'un tressaillement, s'abandonna dans les bras de son aimé qui la contemplait avec l'ardeur d'un loup et la douceur d'une brebis.

Un amour et c'est tout, Henri Gavadda, 1997, hélas.

Toutefois, un abandon n'est pas toujours lié à un échec. Il est parfois une forme de sagesse, qui s'appelle lâcheté.
Il est fortement déconseillé d'abandonner, car, contrairement à Ernestine, on ne sait jamais dans les bras de quoi nous allons tomber.

timidité: sous-espèce de l'angoisse pourvue d'une fourrure rose et de grands yeux brillants.
Elle est ridicule, embarrassante, charmante une dizaine de minutes pour tout le monde, sauf celui qui en est victime.
Sous ses airs innocents, se cache un être diabolique qui est responsable de plus de dégâts que la Grande Peste.
Lecteur, si tu en as le courage, écrase la timidité à coups de pelle.

mercredi 26 août 2009

Chroniques d'un août qui dégoutte sur la corde à linge‏

photographie:tentative hasardeuse de fixer le temps et l'espace sur un objet destiné, comme tout autre, à l'inéluctable érosion.

couardise:volonté excessive d'auto-préservation.

Ex: - Sus! Sus! Voici venir notre moment de gloire, Higgins! Pardieu, Higgins! Descendez de ce caroubier!

piano: instrument de musique distingué, car contrairement à l'harmonica, il est difficile d'en jouer au coin du feu.
Il partage, avec l'orgue, la noble particularité de ne pouvoir être déplacé qu'au prix de milles tracasseries ou de quelques kilos de nitroglycérine, ce dernier moyen étant celui préconisé par l'école dite des activistes de Châteauneuf-les-Moustiers, dont la devise, depuis de longues années, est: Par la Malemort, donnez-moi des boules quiés.

suspect: à une distance tellement ténue du coupable que de loin, sous un mauvais éclairage, on peut les confondre.
Sans même faire exprès.

mardi 25 août 2009

Chroniques d'un août au goût d'irréversible entropie‏

chaos: Tout ordre qui ne peut être perçu par l'ignorance.

Ex: - Mon bureau est un exemple d'ordre dynamique, seule votre ignorance vous empêche d'en percevoir la structure.

Paul Melun, le Message au Monde, presses universitaires de Blois, 1967.


Tectonique des plaques
: Théorie qui s'applique aux couches géologiques, mais aussi à certaines formes de classement, dites de l'école PSD ( Première Surface Disponible).

main: outil qui pend généralement au bout d'un bras. Ses fonctions sont diverses: il peut servir à serrer, toucher, caresser, cogner, curer ( aux moyens des doigts, et non pas de la main toute entière, ce qui serait de la dernière des élégances) et aussi à mimer tout ce qui est possible de mimer (certains artistes se jouent même des ombres, mais c'est là une pratique mal perçue à notre époque trépidante).
Il est des gens qui s'expriment plus avec leurs mains qu'avec leur bouche, ce qui est en soi assez déroutant, pour ne pas dire franchement percutant.
Certains prétendent que la destinée d'un homme est inscrite dans sa main, ce qui n'est pas, au sens strict, faux, car s'il est pourvu de mauvaises mains, jamais un homme ne sera luthier.
Toutefois, considérer que les replis d'une paume révèlent une destinée, c'est aussi clairvoyant que de chercher le futur dans la disposition des câpres sur une pizza quatre-saisons.

cafard
: animal d'une humilité répugnante et qui représente la forme la plus parfaite de l'évolution.
Oubliez Kant, Hume, Einstein, Alexandre le Grand et le Songe d'une nuit d'été: le cafard peut survivre trois semaines sans tête et, malgré ce léger inconvénient, parvenir à se reproduire.

mais
: flèche décochée en embuscade depuis une phrase utilisée, le cas échéant, comme bouclier.

Ex: - Ces boucles d'oreille sont très belles, ma chère, mais faut-il vraiment que ce soit de vrais harengs qui soient fixés dessus?

lundi 24 août 2009

Chroniques d'un août sorti acheter un paquet de cigarettes

justice: machine étrange, un peu sale et dont le combustible se nomme prévenu. Ce combustible sera, par des passes et des mécanismes, connus des seuls initiés,transformé en un produit fini, nommé accusé ou innocent. ( les deux sont synonymes)
La justice est aveugle, certes, mais les hommes, eux, sont affligés de myopie: ce qui est loin d'eux devient inévitablement flou.

altérer
: vivre.

dos: partie de notre corps que d'autres voient plus souvent que nous.

Ex: - Je vais m'asseoir dos à la porte, mais juste cette fois.

Wild Bill Hickock, derniers mots.

magie
: terme vague et qui s'associe souvent à l'ignorance ou à l'admiration, qui est en réalité, si on se penche vraiment sur la question ( au point de basculer et de finir avec des dents cassées) rien d'autre qu'une forme d'ignorance.

Ex: - Higgins, je ne vois qu'une seule explication: nous avons été vaincus par magie.

Ex: - Oh! Mais cette sauce est magiiiiiique!


allergie: Sensibilité exacerbée envers un objet précis. Il peut s'agir de venin d'abeilles, de bave de chat, des disques de Roc Voisine, de menthe sauvage, des voix aigües, des remarques dépourvues d'intelligence, de lait et même d'eau.
Généralement cette sensibilité se manifeste par des rougeurs, puis des chancres et autres desquamations.
Parfois même par une violence forcenée envers l'agent allergène.

Ex: - Mais où est passé le chat?

lundi 17 août 2009

Chroniques d'un août à l'enseigne de la cloche de bois brûlé

argent: objet qui vous permet à la fois de payer les études des enfants, le temps des parents, les petits sachets qui font rire, la dernière merveille technologique sous forme d'aspirateur et l'azur assuré d'une quelquonque île paradisiaque.
L'argent est presque ( et ce presque a une certaine importance) partout, du sourire de remerciement à la tête entre les mains de fin de mois, en passant par l'indifférence d'un parking.
Ne pas confondre, toutefois, l'objet avec son but: obtenir l'un n'est pas s'assurer l'autre: ce n'est pas l'île paradisiaque qui fait le millionnaire, ni celui-ci qui fait l'éden.
Des gens commettent parfois cette amusante bévue.
Leurs poches sont pleines mais leurs rêves vides.
Le contraire n'est pas plus amusant, mais pour une obscure raison, il s'entoure d'une aura fascinante.
N'oublie pas lecteur: un linceul n'a pas de poches, mais pour avoir le linceul, il faut quand même pas finir avec les poches vides.

hache: outil qui exprime, de façon indéfinissable, une certaine violence. Il est toutefois curieux de constater qu'il peut être plus inquiétant de lui en substituer d'autres, lors de la classique scène de poursuite. Ainsi:

Ex: - Mon Dieu! Il a déjà eu Ringo, Bud et Jenny!
- Je le vois! Mais...
- Sauve qui peut! Ce maniaque nous poursuit avec une hache!

Ex:- Mon Dieu! Il a déjà eu Ringo, Bud et Jenny!
- Je le vois! Mais...
- Sauve qui peut! Ce maniaque nous poursuit avec un calendrier mormon/ bonhomme hiver/ bâton de berger/ brique de lait/ conserve géant vert/ un cendrier tchéque / la jambe d'Eva Longoria/ un lévrier afghan pure race/ une lampe de designer suédois!

Ne jamais sous-estimer la réalité et son potentiel de surréalisme.

Insinuer: équivalent verbal de l'opération de guérilla, sans qu'il faille, à aucun moment, se peindre le visage en vert ou jouer des chants sur une guitarre.

Ex: - Même les plus grands héros, Général, ont eu leurs moments de faiblesse...
- Qu'insinuez-vous par là, Higgins?


éconduit: qui se rapporte à un malheureux/se qui a perdu le droit à l'espoir. Se rapporte généralement au jeu d'amour. En ce cas, peut-on parler d'espoir?
Quoiqu'il en soit, on peut difficilement imaginer un autre écosystème verbal où pourrait s'épanouir ce mot étrange:

Ex:- Il a été éconduit par son électorat.

Non, il est des mots qui sont de véritables espèces en voie d'extinction.

vendredi 14 août 2009

Chroniques d'un août de glace et de café

vocation: Vocable qui se réfère généralement aux plus hautes aspirations humaines.

Ex: - Je serais le meilleur cruciverbiste de tous le temps ou je ne serais pas.
Abel Uardte


Toutefois, celles-ci ne sont rien d'autre qu'une affaire de choix.

baratin
: capacité à pouvoir recouvrir le cyanure de miel.

Ex: - Dans la conjoncture actuelle, les décisions du Groupe étaient les plus cohérentes avec le sens du marché et malgré la situation, nous n'avons pas perdu de chiffre d'affaires. Toutefois, les temps étant ce qu'ils sont, nous sommes forcés de devoir arrêter la production et par là même de nous séparer d'une centaine d'employés. Sachez que cela me brise le coeur.
Armand Montjoie-St Denis, patron, avant l'incident dit du microcomposant inséré.


parfois, il y quand même trop de cyanure.

jeudi 13 août 2009

chroniques d'un août l'été aux cieux‏

sauver: faire un ingrat/e. Fonction des héros, des prêtres et des médecins. Parfois on sauve les gens contre leur gré:

Ex: - Et c'est à ce moment-là que le clown réplique...
( détonation assourdie, puis bruits de chute)
- Ciel! Il était moins une! Le voilà mort, mais j'ai sauvé sa réputation.


partager: Diviser un peu près n'importe quoi entre un nombre donné d'individus. Ce verbe est bien trop souvent pris dans son acception positive:

Ex: - Partageons ce mouton, amis fidèles, car il doit en être ainsi.

On peut toutefois partager plus, bien plus.

Ex: - Ciel! Quelle morne journée! Qu'allons nous faire alors que la température frise les quinze degrés, que le paysage se pare de toutes les nuances délicates de gris et que nous jouons au scrabble avec trois personnes cumulant plus 240 ans?
- Partageons notre ennui.

Ex: - Si vous partagez la moitié de votre certitude avec moi, alors je partagerai la moitié de mon kit-kat avec vous.

Paul Melun, dialogues avec la caissière ébahie IV, presses universitaires de Blois,
1984

Baiser: action de poser ses lèvres sur. Dans son sens le plus large, embrasser en est un synonyme. On peut baiser une main, (l'embrasser est plus difficile), des lèvres, une statue, un portrait, la terre.
Toutefois, les lèvres restent un choix des plus appréciés. On croit trop souvent que c'est simplement un signe d'affection.
Certaine histoire composée de treize individus autour d'un même repas prouve le contraire.
Combien de baisers sont des déclarations de guerre, combien l'expression du désespoir le plus complet, combien le signe d'une routine abrutissante?
En vérité, les baisers sont comme la boxe ou le macramé: il faut être deux et y mettre son coeur et ses tripes.
Mais pas au niveau du goût.

jeudi 30 juillet 2009

Chroniques d'un juillet la main en visière‏

foule: la forme la plus perverse de désert.

errer: ignorer que l'on se promène.

visage: fragment de l'humain des plus expressifs. Toutefois, le visage a tendance à perdre son expressivité, s'il est multiplié à outrance.

voix: carte de visite de tout être humain et son dernier bijou, dans le grand âge, lorsque tous les autres deviennent ridicules.

concert: équivalent sonore d'un dîner de famille: un océan de plats dont le résultat est soit la béatitude soit un inconfortable sentiment de lourdeur.
Tout dépend du cuisinier.
Et de la carte des vins.

vendredi 17 juillet 2009

chroniques d'un juillet au chapeau haut de forme

mal: A première vue, un monstre gigantesque, aux crocs jaunis, à l'oeil sanguinaire. Si c'est le cas, le mal est le roi du déguisement. Il est très habile. Parfois même on le croise dans ces drôles d'objets de verre qui se terrent dans les salles de bain.

Chroniques d'un juillet d' échymoses et d'arches de Noé‏

pluie battante: la pluie battante est à la pluie ce que le knock-out est à la boxe: l'expression la plus simple et la plus précise possible.

Ex: - Mais où est Hubert?
- Il est parti chercher la voiture!
- Sous cette pluie battante?
- Je le vois qui revient! Mais que...
- Ciel! Hubert s'est dissous!


cercueil: La dernière et plus dérisoire prison de l'homme.

tricher:Appliquer des règles que d'autres ignorent.

Ex: - Général! Les pingouins...
- Mon cher Higgins, nous voilà capturés.
- Pourtant notre ruse était parfaite!
- Ils ont triché, mon bon Higgins, voilà tout.


potence: Un des outils des plus utiles dans un système démocratique, hélas abandonné depuis peu et remplacé par un subtil cocktail de culpabilité et responsabilité. Désormais, chaque homme porte en lui sa propre potence, à laquelle il se pend quotidiennement.

Ex: - La pendaison soigne l'impuissance, mais pas longtemps.

Paul Melun, Une illumination au Super U, Presses universitaires de Blois, 1997.


marcher: différer à chaque instant une inéluctable chute.

jeudi 16 juillet 2009

chroniques d'un juillet en embuscade

embuscade: manoeuvrer de façon subtile afin de surprendre un ennemi. Il est fort intéressant de noter que le hasard, avec son délicieux sens de l'humour, se plait à les multiplier : on peut être pris en embuscade par une grippe, un sandwich au jambon, un parfum de femme ou même une solive. Les hommes s'y prêtent aussi, mais avec moins d'à-propos:

Ex: - Higgins, mon bon, remettez vôtre tête de manchot empreur!
- Général, je ne comprends pas, comment allons nous procéder?
- Déguisés en épais volatiles, nous attendrons que toute l'armée soit passée, puis nous les attaquerons dans le dos.
- Mais...
- Je sais, ce n'est pas très honorable, mais ils sont plus de trois mille.Selon le manuel de la Guerre de Bon Aloi, nous avons le droit de procéder à l'embuscade.

répéter: manquer de goût et d'imagination.

qualité: défaut que l'on rencontre pour la première fois et sous son meilleur profil.

hésiter: chercher métaphoriquement la différence entre deux chemins qui finissent dans la même clairière.

Ex: - En vérité, la seule occasion où un homme est en droit d'hésiter, c'est sur la couleur de ses chaussettes.

Paul Melun, In aphorismes de Paul Melun, presses universitaires de Blois, 1997.

grammaire: terre d'utopie d'une langue et comme toute utopie, aussi souple qu'un morceau de teck doublé de fonte.

critiquer: apporter sa modeste contribution pour rendre le monde un peu plus comme on le désire.
Généralement si amélioration il y a, elle est le fruit du plus parfait des hasards.
En chacun des hommes sommeille un savant fou empli d'idées pour Sauver le Monde, ainsi qu'un esthète accompli.
Quand les deux sont d'accord et qu'aucun d'eux n'est daltonien, alors le monde peut trembler.

mercredi 15 juillet 2009

Chroniques d'un juillet qui a Un Plan Pour Conquérir Le Monde

concept: Cliché habillé de pourpre universitaire.

mortel: celui qui attend une correspondance dans la grande gare de la vie.
D'ailleurs, certains, à force d'attendre, finissent par installer des stands à barbe à papa tandis que d'autres s'ennuient sur leur banc.

admettre: reculer pour mieux sauter.

Ex: - J'admets avoir été un pont trop loin, mon bon Higgins.
- Général?
- mais vaincre sans péril c'est triompher sans gloire et nous vaincrons ces maudits volatiles!


insipide: Qui est dépourvu de tout semblant de goût.
Cela s'applique hélas non seulement aux saveurs mais aussi à certaines vies.
Parfois malheureusement, ce ne sont pas les choses qui sont insipides, mais bien nous qui souffrons d'agueusie.
Ô lecteur! que ta vie soit amère, acide, sucrée ou si piquante que les larmes te viennent aux yeux, mais évite, par tout ce qui est sacré, le terrible, l'ennuyeuse insipidité.

divin: qui n'est pas soumis à certaines contingences vulgaires, telles que la mort, les lois ou les taxes. Il est amusant de noter que le concept de divin se définit par rapport à ce qui ne l'est pas. C'est comme être le seul du quartier à avoir un écran géant, une porsche ou l'encyclopedia britannica.

mardi 14 juillet 2009

Chroniques d'un juillet qui fait hin hin‏ hin


sécurité
: Illusion que nous entretenons à grand frais, généralement au détriment de nos voisins.
Obtenir la sécurité est aussi simple que de clouer de la marmelade à un mur.
En définitive, toute sécurité est victime du petit malin qui s'amène toujours lorsque l'on a fini de monter le château de cartes et souffle dessus en ricanant.
Son nom? Le hasard.

attendre: arriver en avance.

koala: animal improbable, qui, sur un continent plus inventif que le sien, aurait eu l'espérance de vie d'une méduse dans un haut fourneau.
Tous les koalas sont par conséquent de fervents croyants en le Grand Koala Cosmique.

croire: admettre un nombre de réalités différentes de une. Il est conseillé de croire mais avec modération.
Un excès comme l'autre peuvent conduire à d'amusantes situations:

Ex:- Ce sont mes pieds? Ce sont mes mains? Je ne crois pas aux pieds et aux mains. Ceci n'est qu'une illusion.

Paul Melun, Une Illumination au super U, presses universitaires de Blois, 1997.



Ex: - Si j'y crois très fort, je sais que voler est possible.

Gérard Presque, derniers mots.

lundi 13 juillet 2009

Chroniques d'un juillet qui se frotte les mains

barque:la barque est à la navigation ce que l'amibe est à l'évolution: un petit coup de pouce de départ.
Ne pas lui donner d'autres lettres de noblesse.
Ne pas croire en sa stabilité.
Ne pas croire que parce que cela ressemble à un bateau en plus petit, il ne se passera rien.
Toujours mettre ses cigarettes dans sa poche de chemise, ou mieux, enroulées avec du scotch autour de la tête.

charisme
: capacité à se faire remarquer. Ne pas confondre être remarqué et être apprécié.
Les clowns ont du charisme autant que les dictateurs.

témérité
: nom du courage de l'autre côté de l'échec.

culpabilité: un des rouages secrets de cette vallée de larmes.
Les autres sont la vanité et la résignation.

admirer: reconnaître chez un autre ce que l'on sait être au fond de nous-mêmes.
On peut admirer un sportif, rarement on peut se permettre d'admirer un génie.

mardi 30 juin 2009

Chroniques d'un juin au goût de glaçons‏

Eté: saison de frai pour les terrasses, automne des habits et invasion des Terribles Hommes Homards.

Orage: Coup de gueule du ciel.
Et il peut donner de la voix d'une façon incomparable.

Paresse: Esthétique de l'erreur. Si les cavaliers de l'apocalypse sont la famine, la guerre, la mort et la peste, ceux de la paresse sont la procrastination, l'espérance, trois décis de pastis et l'ombre par une journée chauffée à blanc. Il sont nettement plus présentables que les quatre escogriffes de la fin du monde.

Poing: premier argument de l'imbécile et dernier de l'homme de goût.

jeudi 25 juin 2009

chroniques d'un juin à la paille qui fait slurp‏

Illusion d'optique: Résultat d'amusants procédés qui font différer ce que l'on voit de ce qui est réel.
Souvent représentées sous la forme de tableaux, de sculptures et autre supports graphiques.
Sans oublier les chemises.

Bécasse
: animal sur lequel on tire et individu (généralement féminin) sur lequel on aimerait bien tirer.

Bravade: manque d'appréciation quant à une situation donnée et, simultanément, excès d'éloquence.

Ex: - Aha! Je te surprends la main dans le sac, misérable! Ce ne sont pas tes deux mètres bardés de muscles qui vont impressionner Gérard Petibonnet!

Gérard Petitbonnet, derniers mots.



Bâtir
: Déplacer certains matériaux, les assembler, pour générer des objets qui n'auraient pas existé d'eux-mêmes.
Bâtis, ò lecteur, bâtis, le temps aura raison de tout cela, mais tu auras ri l'instant de quelques souffles.

vendredi 19 juin 2009

Chroniques d'un juin au shaker, pas à la cuillère

zèle: capacité dont la seule fonction est d'être remarquée.
Il est aussi remarquable d'être zélé que d'arborer un smoking à la fête de l'andouillette.

sincère: qui exprime le fond de sa pensée sans détours ni dissimulations. Il peut être amusant de constater que la sincérité ne concerne pas la véracité d'un propos, mais seulement la voix qui l'exprime. Ainsi:

Ex: - En vérité la terre estoit plate et icelle se prosmène sur le dos d'une immense tortue.

la sincérité peut être le meilleur moyen de quitter cette vallée de larmes après des instants passionnants:

Ex: - Vous pouvez prendre notre vie mais jamais notre liberté!

Aristide Clampin, révolutionnaire, derniers mots.

Une croyance populaire affirme que si vous êtes bon et sincère, il ne peut rien vous arriver de mal.
C'est un mensonge éhonté.
La réalité se moque pas mal de la sincérité, qui lui est aussi utile qu'une paire de boules quiés à une carpe.

punition: peine qui est sensée avoir un effet formateur sur celui qui en subit les effets. La peine de mort est de loin la plus efficace des punitions.
Les contrevenants ne récidivent jamais. Parfois même, la punition est appliquée avant que faute soit commise.
Simple et élégant.

Inutile: qui n'a pas d'effet sur quoique ce soit. Ce qui est amusant, c'est de réaliser que l'inutilité n'est que relative. Il est des nuages plus utiles que bien hommes, voitures et robots-ménagers.

jeudi 4 juin 2009

Chroniques d'un juin à l'emporter

Sport: occupation qui se substitue à la guerre et permet de s'affubler de formes stylisées d'uniformes.
Parfois assez ridicules, il faut bien l'avouer.

Mentir
: Tenter de donner une valeur très personnelle à la réalité et la clamer haut et fort, des fois qu'elle passerait par là.

Avouer: Quitter la capuche du bourreau pour endosser le cilice du martyr.

Ex: - Oui, j'avoue, les circonstances et le contexte socio-économique m'ont poussé à prendre des décisions qui par la suite ont pu être considérées comme des erreurs, mais un homme qui dirige doit parfois tout risquer, surtout dans l'alimentation pour chiens.

Jean-Luc Crému, patron, quelques instants avant l'Incident Des 30 Tonnes De Doggymiam! Lyophilisé.

S'indigner: Réaliser l'iniquité du monde à notre détriment.

Avocat: Couturier de dame Justice. Parfois, il vêt celle-ci de Vichy, d'autres de cuir noir, parfois même de bas résille.
Ce n'est qu'une question de circonstances.
Et de bourse.

Tact: Utiliser un bistouri plutôt qu'une hache pour pratiquer une appendicite.

Ex: - Général, il me semble que malgré votre génie tactique, Mars est du côté des pingouins!
Ordonnance Higgins, à la bataille de Wrafalgoo
.

mercredi 3 juin 2009

Chroniques d'un juin d'huile d'olive et de miel

brandir: élever un objet avec fierté, généralement sous les applaudissements ou les balles. Sauf cas très particuliers, l'objet est soit un drapeau, soit une torche olympique. D'autres options sont toutefois envisageables.

Ex: - Général, au milieu de cette mêlée je n'aperçois plus le tromboniste! Ni même la grosse caisse! Comment les rallier?
- Mon cher Higgins, l'imagination, toujours l'imagination. Voyez-vous ce pingouin
Pinguinus impennis, dont le dernier râle n'est déjà plus?
- Général?
- Brandissez-le haut et clair, Higgins, haut et clair.


Insister: témoigner d'une confiance quelque peu abusive dans ses propres capacités .

Ex: - A propos de ce tableau de service, je me permets d'insister...
Silas Burette, employé zélé, derniers mots
.

Excuser: essayer d'expliquer que de façon générale, dans cette situation, votre interlocuteur a le droit d'être furieux mais, dans ce cas-ci, il y a exception. C'est voué à l'échec. Personne ne croit jamais les excuses. Soyez donc brillant, lecteur, à défaut de sincère:

Ex: - Je suis en retard, mais c'est parce qu'un élan a percuté mon vélomoteur.

Ex: -...Je vous jure qu'il était coupé en deux!

Ex: - Et le petit type lui a sauté dessus...

mardi 2 juin 2009

Chroniques d'un juin sous caféine et zéphyrs

Dormir: forme d'inconscience passagère. Peut être considéré comme une sorte de bénédiction.
Il est intéressant de noter qu'il est des gens qui ont l'air de dormir tout le temps.
Même quand ils sont éveillés.

Balade: Promenade bucolique pratiquée par des êtres vêtus de pantalons flanelle et affublés de chapeaux de paille. ( le sexe des dits êtres n'est qu'une vague distinction grammaticale). Ne pas oublier la canne et le journal, sans quoi ce n'est pas une balade.
Cette activité se soucie peu de l'espace. En réalité, c'est bien le temps qui est visé.

Vaut-mieux-en-rire: Il vaut mieux, en effet.

Pèlerin: Personnage qui a décidé, pendant une courte période, de ne plus confondre espace et temps, en troquant vrombissements contre cloques.

Exiger: Manquer d'éloquence.

Ex: - Oui, c'est à vous que je parle, le monsieur barbu et tatoué! J'exige mon portefeuille!
Albert Crampu, derniers mots.

Eden: Grande salle d'attente où l'on tue l'éternité lorsque l'on a quitté cette vallée de larmes avec la mention très bien. Selon les rumeurs sur le sujet ( que l'on nomme foi ou paganisme, c'est selon) cela ressemble à une garden party du Rotary Club: les petits fours sont excellents, tout le monde est habillé plus ou moins en blanc, sauf les serveurs, chacun se demande comment prendre congé pour aller boire autre chose que du punch au fruits sans vexer personne tout en réflechissant au Véritable Problème: comment manger une part de gâteau sur assiette avec un verre à la main sans avoir l'air bête.

vendredi 29 mai 2009

Chroniques d'un mai au chant cycnéen‏

Spécialiste: bétail avec des oeillères.

Gloire
: Si le massacre était un meuble, alors la gloire serait le vernis dont se servirait un antiquaire retors pour revendre ( très cher, comment en douter?) une vieillerie à de crédules acheteurs.

Ex: - Général! le cuisinier et ses porte-louche ont succombé l'épuisette à la main!
- Ils sont morts couverts de gloire et de céleri rémoulade, mon brave Higgins.


Farce: 1. mélange de viande et d'ingrédients divers dont on fourre un volatile par ailleurs indiffèrent à cet outrage.
2. mélange d'irrespect et de divers ingrédients dont on fourre la vie. Elle est meilleure à la cuisson.

Ex - Tout ceci est une vaste farce. ( Aphorisme dit de la brique de lait)
Paul Melun, In Aphorismes de Paul Melun, presses universitaires de Blois, 1997.


Imagination: triste mine du menteur, pays des enfants, espoir de l'amant, horizon du rêveur, cercueil en kit des aspirations humaines.

Ex: - Et sur les ruines de la cité des pingouins, nous construirons un empire, mon cher Higgins!


lundi 25 mai 2009

Chronique d'un mai l'élastique aux pieds

conservateur: Il est des gens qui souffrent du syndrome de Diogène et sont incapables de se défaire d'une masse
d'objets et de détritus qui les encombrent, même si ce fouillis est inutile. Certains individus souffrent de ce problème au niveau des idées. On les appelle des conservateurs.

Trêve: Période d'activité mentale entre deux périodes d'activité physique.

Ex: - Général, demandons une trêve, ainsi nous pourrons récupérer l'accordéoniste!
     - Higgins, chez nous, on ne trêve pas.

mercredi 20 mai 2009

chroniques d'un mai doré sur les bords

Terrasse: En hiver, cela se nomme trottoir, débarras, jardin famélique ou encore derrière-la-maison.
En été, tous ces lieux deviennent subitement des terrasses.

Bibliothèque
: cimetière des oubliés, réunion informelle d'anciens-combattants, muraille murmurante de désirs, outil de paresse, île au trésor dont chacun possède une carte.

Sincérité
: Parfois une vertu, parfois un manque de tact, souvent une affaire de vocabulaire.

Regret
:Choix qui a pris des rides.
Il est des gens qui considèrent qu'il est de notre devoir de ne rien regretter.
Ces gens-là, lecteur, partagent donc une caractéristique avec le pape: ils sont infaillibles.
Il peut être plaisant, non pas de regretter, mais d'admettre que l'erreur est une forme d'esthétique; notre devoir, si on se doit d'utiliser ce vocable grossier, est peut-être simplement d'accueillir ces regrets comme un parent acariâtre mais fortuné.

Ex: - Général, est-ce bien sage de charger, sabre au clair, cette horde de manchots empereurs?
- Higgins, mon cher, si nous commettons une erreur, nous le saurons certainement jamais.

jeudi 14 mai 2009

Chroniques d'un mai au mitan

obsession: trait caractéristique de l'humanité. Seul le sage croit qu'il n'a pas d'obsessions. En réalité, il souffre d'une des plus tristes, l'obsession de ne pas en avoir.
Il s'agit de ce genre de sentiments qui conduisent à des actes inconsidérés:

Ex: - J'obtiendrai la cuillère à tirage limité du couronnement d'Elizabeth II. Il le faut.

Sylviane Cruche, derniers mots

Il est aussi déconseillé de rire des obsessions des autres. Cela peut conduire à des situations pleines de rebondissements.

Ex: - Je ne peux pas croire qu'il y ait des pauvres types qui collectionnent des cordes de pendus! Il faut vraiment être brézingue!
Aristide Crépu, (victime d'une méprise amusante due à sa difficulté à différencier mardi (cercle des collectionneurs de pots de crème) et mercredi ( les joyeux schoïnopentaxophiles ), derniers mots.

brique: matériau de construction et argument politique de moyenne portée.

plouc:personnage bucolique à l'intelligence limitée.

besoin: désir sédimenté par certains impératifs.

Ex: - Higgins,mon bon, je crains que nous ayons besoin de faire retraite.

Ex: - J'ai besoin de dix paires de chaussures!

mercredi 13 mai 2009

Chroniques d'un mai aux petits oignons‏

sérénité: état ô combien transitoire où le funambule, perché sur sa boule, placée sur une corde raide, parvient sans heurts, l'espace d'un instant, à jongler avec trois tronçonneuses, quatre chats en chaleur et sept boules en marbre.
C'est possible.

horizon
: aussi loin que porte le regard.
Celui-ci s'arrête au bout du nez ou au bout du monde.
C'est encore et toujours, une histoire de choix.

Ex: - En vérité, je l'affirme, disciples, on ne peut pas regarder les étoiles en ayant un gravier dans sa sandale.
Paul Melun, le Message au Monde, presses universitaires de Blois, 1992.


odeur: tout ce qui heurte ( de façon métaphorique) le nez. Il est des odeurs comme les gens. Certaines sont persistantes, d'autres depuis si longtemps présentes qu'elles ne sont plus perçues. D'aucunes nous assaillent sans crier gare, comme des témoins de Jeovah au sortir de la douche.
Et il reste celles qui sont des ponts vers un ailleurs. En vrac:

L'odeur des braises froides, celle du goudron mouillé en été, la senteur de la terre humide, l'herbe fraîchement coupée, la cigarette froide, le charbon qui brûle, l'essence, la térébenthine, le souffre d'une allumette, la fumée d'une bougie soufflée, le gaz d'échappement, le sel de la mer, la viande grillée, le lac qui s'échauffe,
l'incomparable senteur d'un vestiaire de sport, la laine imprégnée de pluie, les oignons dans une poële, le chocolat chaud, le mazout en hiver et les marrons grillés.


Ah, c'est bête: très bel euphémisme et joker social d'une rare utilité. Votre interlocuteur croit que vous compatissez, quand en réalité, votre intérêt pour ses déboires frise le zéro de tellement près qu'il pourrait lui compter les points noirs sur le nez:

Ex: - Et c'est au moment de mettre le contact qu'elle me dit: -je suis depuis toujours amoureuse de Charles des ressources humaines!
- Ah, c'est bête.


Veillez encore une fois à ne pas en abuser, sauf si votre interlocuteur n'est vraiment pas attentif.

Ex: - Je prends un caillou sur le pied et...
- Ah, c'est bête.
- ...je me rends compte que j'ai le genou qui se déboîte...
- Ah, c'est bête.
- ...Et le petit bonhomme vert dit hippopotame.
- Ah, c'est bête.


Il peut également servir à constater un état des choses dont la réalité s'impose d'elle même, voire se penche sur vous avec un regard menaçant:

- Général! Il nous faut des munitions! Ces maudits pingouins sont déchaînés!
- Higgins, mon brave, nous n'avons plus de balles.
- Ah, c'est bête.

mardi 5 mai 2009

chroniques d'un mai aigre-doux

Barbare:Toute personne qui, aux petites heures du matin, préfère manger sucré.

Autarcie
:Fait de vivre en auto-suffisance.

Ex: C'est ainsi que Paul Melun décida de vivre en autarcie en ville, se nourrissant de pigeons et de l'eau claire des fontaines...
In Paul Melun, Problèmes gastriques en milieu urbain, presses universitaires de Blois 1998

Ex: - Général, qu'allons-nous faire, seuls dans ce désert ?
-Higgins, des hommes de volonté peuvent vivre en milieu hostile: nous mangerons du fennec et cultiverons notre propre thé.


Foudre: hasard qui frappe avec magnanimité les imprudents.
Au sens premier, on meurt avec le sentiment d'avoir subi un assauts furieux ( et brefs ) des paparazzis à un méchoui.
Au sens figuré, on est victime d'un coup de foudre et on se prépare un avenir plein de moments passionnants.
Ce qui n'empêche en rien l'odeur de roussi et l'impression d'être le centre d'attention durant un fragment d'éternité.
Dans les deux sens, la foudre est un spectacle fascinant à observer à une certaine distance, à couvert et avec des très grosses semelles en caoutchouc.

jeudi 30 avril 2009

Chroniques d'un avril de poussière et de mensonges‏

Spéculer: Prétendre qu'un produit prend de la valeur à chaque fois qu'il change de mains.

Liberté: amusante méprise humaine. Denrée qui n'existe pas, mais parvient tout de même à être repartie de façon injuste entre tous.
Elle a des sens aussi divers que variés: pour un esclave, elle signifie la fin des chaînes et le début de la ségrégation. Pour un retraité, la fin d'une occupation et le début de l'ennui au milieu de maquettes de bateaux et d'hortensias et pour un financier, le droit d'acheter à n'importe quel prix et de ne pas avoir à assumer les conséquences de ses actes.
On conçoit souvent la liberté de façon positive, sans songer que la liberté de réussir marche main dans la main avec la liberté d'échouer.
En réalité la liberté, si elle existait, ressemblerait plutôt à une épée sans manche et qui peut exploser à tout instant.

Tête: Partie du corps qui se situe généralement quelque part au-dessus des épaules. Siège de la raison et des sens et donc, source de nombreux ennuis.

Autodafé: Occupation salutaire destinée à libérer de l'espace dans des rayonnages, afin d'y mettre d'autres ouvrages. Etre un auteur dont les ouvrages sont brûlés est avantageux, un peu comme un vote de confiance. Beaucoup d'auteurs préféreraient voir leurs oeuvres imortelles brûlées que de les savoir dans une boîte au grenier sur laquelle est inscrit: chaussures hommes, jouets enfants, divers.
Cela en dit long sur la vanité des auteurs et l'esprit humain lorsqu'il est en butte à un phénomène qu'il ne comprend pas.

lundi 20 avril 2009

chroniques d'un avril funambuliste

détail: meurtrière de l'enfer. Le paradoxe du détail, c'est qu'au-delà de son insignifiance, on le remarque.
Il est des gens qui, pathologiquement, remarquent tous les détails de tout.
Généralement, ils deviennent décorateurs d'intérieur, stylistes ou pensionnaires dans un asile.
Il est à noter qu'il appartient à chacun de considérer un aspect d'une question comme un détail ou un fait capital.
C'est presque une philosophie en soi.

Ex: - Nous sommes victorieux, mon bon Higgins!
- Mon Général! Il reste encore quatre régiments de pingouins!
- C'est un détail, mon cher.

Ex: - Lâchez ce couteau Madame! Vous êtes cernée!
- Mais vous ne comprenez pas! Il ne lissait jamais la nappe!



Vrai:valeur que modifie le temps. Ainsi, si l'on affirme: ceci est une pomme, avec la certitude vertueuse de celui qui se sait dans le vrai, Il faut toutefois être conscient que la pomme deviendra immanquablement un trognon et ne sera donc plus une pomme.
Il est aisé de le concevoir cette influence du temps sur le vrai avec une pomme mais il peut être plus amusant encore de se permettre des assertions telles que: Ceci est mon mari, ceci est la loi, ceci est mon territoire, ceci est une jungle, ceci est la voie.

sol: une des seules certitudes irréfutables.

vendredi 17 avril 2009

Chroniques d'un avril qui revient de loin‏

Addition: opération qui consiste à ajouter une quantité à une autre, sauf s'il est sujet d'alcool, de nourriture, de bon temps et d'argent.
Un jour, ô lecteur! se présentera le serveur ultime, immaculé, avec sa petite moustache et son plateau d'argent, la dernière addition à la main, celle où le service est compris.
Rares sont ceux qui peuvent se permettre un pourboire avec celle-là.

Aube
: Lumière née de l'accouplement des éboueurs et des oiseaux, moment de regrets, de silences, d'aveux, de café, de culpabilité.
Certains la traversent comme une porte battante de Saloon, d'autres comme une attaque de goutte, d'autres encore comme une bénédiction.

Acariâtre
: Il est intéressant de voir que cet adjectif se décline presque toujours au féminin. Il suffit de l'entendre pour concevoir un visage capable de faire cailler le lait, des regards évoquant la gelée du matin, des châles et autres pardessus, des bas poilus et Dieu du ciel! une petite moustache.

Ennui
: petit frère braillard du Problème.

Ex: - Ciel! Général! Il en arrive de partout!
- Je vois cela, fifre. Où est Higgins?
- Derrière vous, Général!
- Oh. Higgins nous a l'air malade.

mardi 7 avril 2009

Chroniques d'un avril courant après le lapin blanc

Printemps: saison de la grisaille lasse, des longs jours, de la lumière aveuglante, des lapins qui pondent des oeufs et des oeufs contenant des lapins, des sourires effrénés et des rhumes des foins. Le printemps, c'est beau, sauf quand il pleut. Le printemps c'est sympa, sauf quand on éternue pendant vingt-quatre heures durant un mois.
Il est souvent symbolisé par une jeune fille blonde avec des marguerites dans les cheveux.
Elle est toujours très belle.
Elle sourit comme si c'était une question de vie où de mort.
Elle n'existe pas.

mardi 31 mars 2009

Chroniques d'un mars sous code bleu

pantois: état de stupéfaction généré par un stimulus extérieur. Il faut tout de même remarquer qu'être pantois, est, encore une fois, une question de circonstances.

Ex: ( sur une banquise)
- Regardez professeur Schbeck. Un pingouin.
- C'est très intéressant, mon cher James. Notez.

Ex: ( dans un magasin de lingerie féminine)
- Regardez professeur Schbeck! Un pingouin!
- Me voilà pantois, mon cher James!


Il y a toutefois des gens au sang froid légendaire, que rien ne pourrait altérer.

Ex: - Général! Un régiment de pingouins!
- Allons, Higgins, du calme.


C'est également une question de culture:

Ex:-...Et ils faisaient quoi?
- Ils mangeaient des petits pois avec un une petite pelle et un petit couteau!
- Ces long nez sont vraiment brézingues. J'en suis pantois.


( dialogue aimablement traduit du hmong du nord par le professeur Schbeck, distingué ornithologue et élégant polyglotte spécialisé dans les langues miao-yao)


accordéon: instrument qui sert à vider des salles, à moins d'être:

1. Sourd
2. Rougeaud, porteur de salopette tyrolienne avec option sur plume au chapeau.
3.Masochiste ( ce qui inclut d'une certaine façon le porteur de salopette)
4.Une vieille dame digne.

Une théorie prétend que lorsque résonneront les trompettes de l'apocalypse, ce ne seront pas des trompettes.
Une école ( plus connue comme les post-modernistes de Saint-Yrieix -la-Perche) prétend qu'en réalité ce sera un petit moustachu avec un chapeau melon, à l'air réjoui, qui fredonnera à l'abri derrière un synthétiseur, sur un rythme de cloche éléctronique.
Une autre école, dite de Beckenried, quant à elle, prétend que ce sera l'Accordéoniste Céleste, une véritable vache clouée à Son oreille monumentale, qui l'air grave, prendra place sur Le Grand Tabouret De La Traite Cosmique et entonnera, à l'aide du Schwyzerörgeli De La Fin Des Temps, le Schlager Ultime.

lundi 30 mars 2009

Chroniques d'un mars dont l'électrocardiogramme fait tuuuuuuuuuuuuuuuuuuu

Envie: moteur premier des entreprises humaines, des découvertes scientifiques et des crimes de sang.

Rôle: contrat entre la société et l'individu. Ne pas tenir compte de ce contrat est quand même en tenir compte. En tenir compte vraiment est courir à sa perte.
Ignorer que l'on joue un rôle est toutefois bien pire: c'est risquer de lâcher à tout propos des phrases telles que: moi je me contente d'être naturel et autres il suffit d'être soi-même!
Non, ça ne suffit pas.

Excès: moyen le plus sûr de vérifier, de façon incontestable, que du sang coule dans les veines, que le souffle n'est pas vain, ni les rires creux, que l'existence enfin, n'est pas une inextricable jungle de conventions surannées, mais bien qu'elle recèle en son sein, un éclat inextinguible.
Si paris vaut bien une messe, cet éclat-là vaut bien une paire de cernes.

jeudi 19 mars 2009

chroniques d'un mars plein de lièvres

folie: caractéristique de ceux qui ne partagent pas la même vision de la réalité que les autres, ou qui n' ont aucun doute quant à ce qu'ils perçoivent. Ainsi, certains fous vivent dans la certitude d'être des caniches, des pieds de chaise, des percepteurs ou des couchers de soleil.
Il peut être intéressant de noter que la folie la plus profonde est celle qui se cache derrière un épais rideau d'apparente santé mentale, que d'autres nomment éducation:

Ex: Je sais que je suis une otarie, mais il faut que je sois bien éduqué alors je vais faire semblant d'être un homme au travail, avec les autres hommes au bistrot mais ce soir quand je rentrerai à la maison...Oink, oink, oink!

En effet, rien ne vaut une bonne dose d'éducation pour dissimuler la folie. Toutefois, ces deux notions marchent main dans la main comme le rhume et les mouchoirs, la faute et la culpabilité, le citron et le sel. L'une est une vision différente de la réalité, l'autre est une vision de ce que la réalité DOIT être.
A vous de choisir laquelle est quoi.

charrette: Ancêtre de toutes les voitures. Lorsque l'on contemple une décapotable, finalement, on ne fait que constater le manque criant d'inventivité humaine.

progrès: Fantaisie délicieuse,optimisme institutionnalisé. Une secte de penseurs ( les mêmes qui vouent une adoration sans borne au mauvais temps) se permet d'énoncer des phrases telles que: mais le progrès existe! regarde les fusées! En ce cas on peu rétorquer: un crétin reste un crétin et il y a toujours autant de crétins.
Il est conseillé de regarder fixement votre interlocuteur après avoir émis cette assertion.

mercredi 18 mars 2009

Chroniques d'un mars qui marche vers l'échafaud

Dancefloor (2): Lieu de promiscuité et d'errements. Toutefois, le lexicographe, dans sa recherche de la vérité vraie, doit parfois plonger dans la plus inextricable jungle qu'il soit et tenter d'en extraire la sublime sève. En réitérant les remerciements émis aux chercheurs de l'institut des danses contemporaines de Caen, il s'agit de poursuivre, avec bravoure, l'inventaire de la faune bigarrée qui hante les surfaces planes des salons dansants pour noctambules:

3. Elle: Elle, il n'y a qu'Elle. Ne pas lui parler, car Elle ne répondra pas. Ne pas essayer de lui faire remarquer qu'Elle vous marche sur le pied, Elle croit que vous essayez de la draguer. Ne pas essayer de communiquer avec Elle car Elle vit dans un monde qui exclut un autre mode de pensée que l'Adoration. Elle est la déesse sans nom dénudée de soupirants.
Doucement, lecteur, Elle est aussi pourvue d'un intestin grêle.
4. La copine d'Elle: Moins jolie qu'Elle, cela fait longtemps déjà qu'elle s'est résignée à n'être que la première prêtresse de l'autre qui est plus belle, plus grande, plus égocentrique. Elle meurt d'envie de communiquer avec d'autres êtres humains mais elle a juré voeu de fidélité et de silence. Elle boit.
5. La fille ouéé !: Elle est venue avec des copains et des copines, c'est super chouette, elle vous les présente tous, ensuite elle rigole, elle a bu, elle boira, son enthousiasme coulera subitement comme un paquebot dans les mers de l'ivresse puis elle sombrera dans un coin. Elle risque même de s'endormir.

Bruit: Musique que l'on ne comprend pas.

Haine:Sentiment le plus simple qu'il soit. Il suffit de n'être pas d'accord avec quelque chose et d'envier ceux qui possèdent cette même chose. Comme chaque être humain a l'impression qu'il était derrière la porte au moment de casser la pignata cosmique, la haine est le destin de l'homme comme celui de l'hermine est de finir en cache oreilles.

mardi 17 mars 2009

chroniques d'un mars un peu moins obscur

éternité: vision de l'enfer. Comme une glace au chocolat sans fin, un coucher de soleil immuable, un tam-tam sans fond. Certains sages vous diront que rien ne vaut l'acceptation de son état, mais le fait est que ces hommes à barbe blanche ont certainement connu un nombre certain de vicissitudes lors de leur folle jeunesse, donc leur philosophie d'acceptation ne vous concerne pas, ô lecteur! ou du moins pas encore.

dancefloor
(1) : Lieu de fonctions diverses, contrairement à ce que son nom laisse entendre. Un certain nombre de membres appartenant aux deux sexes s'y agitent. Le terme s'agiter concerne la plus grande part des participants à ces séances d'afriolantes activités tandis que d'autres, une minorité, une affolante minorité, dansent.
Il existe un nombre incalculable de catégories d'usagers du dance floor, mais de nombreuses années de recherches, ainsi qu'une véritable vocation a permis aux chercheurs de l'institut des danses contemporaines de Caen ( Rue du docteur Roux, derrière animauxmiam! au fond de la cour, de 15 à 21 heures les mercredis et les dimanches) d'émettre une classification:

1. Le séducteur: il n'est pas là pour la musique. D'ailleurs, il n'aime pas la musique. D'ailleurs il n'aime pas grand chose. Ce qu'il veut, c'est trouver quelqu'un à embrasser. C'est une catégorie un peu fatigante. Une seule pensée occupe son esprit: CE SOIR, IL NE RENTRERA PAS SEUL.
2.Celui-qui-tient-debout: Son sang charrie un nombre certain de substances qui indépendament les unes des autres sont considérées comme des médicaments. Mises ensemble, elles évoquent un groupe de métal sataniste à la kermesse d'une crèche: beaucoup d'incomprehension et la rapide intervention de la sécurité.
3. Le fêtard: Lui, il est là pour s'amuser, pour trinquer avec ses copains fêtards au-dessus des autres personnes présentes, qui n'ont rien contre l'esprit de fête, sauf si celui-ci s'incarne sous la forme de bière sur la tête et de blagues de mauvaus aloi. Ce sont généralement des rugbymen, des ingénieurs ou des touristes. La bière est une religion dont le credo est la blague paillarde et le cantique le rire gras. En nombre supérieur à cinq, le dancefloor est leur salon. En nombre inférieur à trois, ils s'évanouissent dans un coin obscur et ne tardent pas à dormir.

mercredi 11 mars 2009

chroniques d'un mars attendant au passage clouté

Chat: Maîtres de l'univers. Vous avez déjà vu un chat nourrir un homme?
Voilà.
Rue: Veines et artères d'une cité. Souvent encrassées de caillots d'humanité.
Charme: Revanche de l'esprit sur le corps. Il peut arriver que l'on vieillisse, que la beauté tant vantée se fane comme un emballage cadeau entre les mains d'un gamin impatient. Que les chevelures blanchissent, que les yeux se ternissent, que le temps enfin, prenne son dû.
Ô lecteur! Le charme, lui ne disparaît jamais, le temps glisse sur lui comme les gouttes de pluie sur la barbe d'un mineur écossais.
Choix: Illusion d'emprise sur la vie. Il y aura des gens pour vous dire que vous êtes les choix que vous faites ( sans même se présenter auparavant, ce qui est indélicat, pour ne pas dire grossier.) ou encore que choisir est le propre de l'homme entreprenant ou encore si vous ne choisissez pas d'autres le feront pour VOUS. (en pointant le majeur sur votre visage au moment du VOUS, ce qui est, ma foi, déconcertant).
Que dire? Que vos choix ne sont que le reflet d'autres choix qui influencent les vôtres et les miens? Qu'au final, nous avons autant d'influence sur nos vies qu'une amibe sur la Landsgemeinde Glaronaise? Que croire être au volant ne fonctionne pas, même si on ferme très fort les yeux et qu'on se répète j'y crois dix mille fois parce qu'il suffit d'une toux, d'un minuscule furoncle, d'un ridicule noyau de cerise au travers d'une trachée pour que tout choix soit caduc?
Que croire que tout choix est vain nous condamne à fixer les parois d'une chambre capitonnée pour le restant de nos jours?
De la camisole à la certitude en acier trempé, il n'y a qu'un pas.
C'est, après tout, une histoire de choix.

mercredi 4 mars 2009

chroniques d'un mars souffreteux

Thé: boisson séculaire consommée en orient par tout le monde et en occident soit par des vieilles dames très dignes, soit par des individus déguisés au quotidien en figurants de reconstitution médiévale japonaise et qui discutent, avec l'air pincé de véritables initiés, de la supériorité du Pai muy Tan sur d'autres thés blancs. (un véritable Initié se remarque toujours, peu importe son domaine d'application ( philatélie, bonzais...), parce qu'il a cette attitude de nonchalance affichée de celui qui a passé du temps à apprendre à apprécier et qu'il ressent une pitié mêlée de mépris envers ceux qui se contentent d'aimer tout court.)
Ils feront preuve d'une commisération glacée, oh lecteur, si tu avoues adorer le thé noir lipton tout bête, surtout s'il est assez épais pour être tartiné.
Mercredi: En Occident, mitan fade d'un septet de générales sans jamais de premières.
Goût: Il n'y a pas de mauvais goût. Il n'y a que des gens qui manquent d'aplomb.
Ennui: Occupation longtemps réservée aux aristocrates ( Le Roi Louis XIV terrifiait ses courtisans en leur disant: Messieurs, ennuyons-nous!), elle a gagné peu à peu toutes les classes sociales, avant de connaître un fléau qui a presque laissé exangue cette vivifiante activité: la télévision.
Toutefois, elle a su se trouver une niche écologique assez sûre dans le travail et peut compter avec un allié de taille, le mariage.

mercredi 25 février 2009

Chroniques d'un février jouant à colin-maillard sur la falaise

vache: animal dont la première fonction est de donner du lait à l'homme, puis sa viande, puis ses petits. Ses cornes font de pittoresques tasses et ses yeux un compliment des plus appréciés.
Sa queue a sûrement une fonction.
Anniversaire: date arbitraire qui remplit de joie pendant un certain nombre d'années, joie qui cède à la lassitude, lassitude qui s'incline, elle, bien bas devant l'indifférence, dont le successeur direct n'est autre que le cercueil.
ennemi: individu dépourvu d'imagination, qui s'affuble de vos défauts et les porte avec autant d'élégance qu'une paire de palmes à une exhibition de tango.
sénilité: Triste maladie dont souffre une grande part de la population comprise entre quinze et trente ans.
cigarette: petite virgule dans l'existence. En, user, oui, en, abuser, non.
montre: objet dont la fonction première est exactement celle exprimée par son nom. La seconde est d'indiquer avec un déterminisme dépourvu de délicatesse l'heure qu'il est et non pas, comme l'exige la civilisation, l'heure qu'il devrait être.
A force de se complaire dans l'heure juste, des hommes finissent par croire aveuglement ce que ces mécanismes pervers indiquent et le temps devient une denrée.
Ces malheureux individus deviennent invariablement membres du Rotary Club en vieillissant, s'habillent de costumes trois-pièces ( ou de tailleurs) et prononcent des mots barbares tels que rentabilité ou stock-options sans prévenir personne, ce qui est assurément plus que grossier.

vendredi 20 février 2009

Chroniques d'un février érodé‏

Honneur: La certitude qu'il reste un éclat de civilisation à un homme si on lui ôte tout.
Idée abstraite qui a parfois des conséquences tout à fait déplorables.

Ex: - Compagnons, c'est l'honneur de notre roi qui a été bafoué! Abattez le cheval qui l'a traitreusement fait choir sur son royal postérieur!
- Par l'honneur du roi, meurs bête immonde!


Ex: - Je dois parvenir à rentrer aux fifres communaux. Il en va de mon honneur.
Horace Saconnex, derniers mots.


Funambulisme: Profession qui possède un avantage certain sur toute autre: la certitude des risques encourus lors de son exercice, à savoir la chute.
Cette tâche peut aussi se pratiquer au niveau mental.

Information
: Fait digne d'intérêt d'un grand nombre. C'est bien cela le problème: rares sont ceux qui regardent l'information comme un fait. Pour le plus grand nombre, il s'agit d'un argument permettant de justifier une vision du monde qui elle, ne doit pas vaciller. Ainsi, si une information ne correspond pas à cette vision du monde, plusieurs options: ( avec un exemple gracieusement fourni par le groupe de travail " Information et élevage du caniche français en Vendée" Coex, 1997)

Ex: Un
homme a mordu un chien !

1. Le déni: Les chien ne mordent pas les hommes, c'est bien connu.
2. Le classement sous la rubrique extraordinaire: c'est incroyable mais cela n'arrive pas souvent, autant ne pas prendre en compte cette information et ne pas concevoir un monde dans lequel les hommes mordent les chiens.
3. Le déni artistique: en fait, ils ont voulu dire qu'un chien a mordu un homme. C'est une figure de style.
4.L'indifférence crasse: Toute façon, c'est pas important.
5. Le déni en titane massif: Les journaux mentent.
6. La récupération acrobatique: C'était où? A Soleure? Ils sont bizarres les gens là-bas. Rien d'étonnant.

En réalité, information n'est hélas que trop souvent synonyme de confirmation.

jeudi 19 février 2009

chroniques d'un février VRAIMENT barbouillé

Réveil: Il est des réveils qui font du prévenu, un coupable. D'autres ressemblent à des amnésies soudaines: -Que fais-je ici? -Où suis-je?. D'autres encore sont de véritables apothéoses ( Se réveiller dans une baignoire avec le pied de quelqu'un dans la bouche, du dentifrice débordant des oreilles et une radio en équilibre sur le sternum diffusant suavement la danse des canards est une forme d'apothéose.).
Le réveil étant, au fond, une forme d'atterrissage, tout dépend du pilote.
Et du mini-bar.

Compréhension
: La capacité d'assimiler ce qui nous est extérieur, en un laps de temps relativement variable.

Ex: - Général! Ils nous tirent dessus!
- Ne jamais laisser bouillir l'eau pour du thé noir, Higgins.
- Général! Par la croix de St-Georges! Une Gatling!


Ex: - Vous, relaps, ayant reconnu votre culpabilité et votre fausse confession...
- Mais, je me tue à vous le dire, je passe le balai et...
- ...sauvé de la Géhenne par le Saint Office...
-...Trente ans de métier! Pas une tache! Hé! Pourquoi il met une cagoule?
-... et désormais confié au bras séculier.


On assimile souvent la compréhension à l'effort fourni pour assimiler ce qui nous est extérieur.
Parfois, cet effort est insurmontable.
Une méprise amusante commise par l'homme est de croire que ce n'est pas lui qui doit comprendre mais lui que l'on doit comprendre.
Grossier: Toute personne qui vous interrompt ou vous empêche d'intervenir subtilement dans la conversation pendant qu'il parle.
Innocence: Excuse accordée aux personnes dotées de visages angéliques. Les autres mortels, dépourvus, eux, de joues poupines et bouclettes dorées doivent endosser ces mêmes erreurs sous le vocable stupidité.
Pillage: Stimulus socio-économique qui ne se pratique plus qu'à très grande échelle et en costume trois-pièces.