mercredi 14 février 2018

Chroniques d'un février d'embruns en vert de gris

Armure: Habit de métal dont usaient les chevaliers. Ils étaient extraordinairement efficaces, tant qu'ils étaient sur le dos de leurs canassons. Que survienne une branche trop basse, un méchant jet de fronde savamment ajusté et la chute les rendait alors extraordinairement inaptes, ne serait-ce qu'à la station debout.
Il y a rien de plus important, dans le terme chevalier, que le mot cheval.
Il en est ainsi des armures, on se protège, peu à peu, on s'enferme contre les coups, on se blinde de certitudes, on se garrotte d'idées reçues, qui nous tiennent, nous forment, nous serrent. Puis, pareils à Frédéric Ier de Hohenstaufen, empereur romain germanique, roi des Romains, roi d'Italie, duc de Souabe et d'Alsace, ainsi que comte palatin de Bourgogne, on décide de faire trempette après une bonne suée contre les infidèles:

- L'eau à l'air juste à la bonne température. 

Frédéric Barberousse, au bord du fleuve Goksü, 10 juin 1190, derniers mots.

Et voilà qu'on quitte cette vallée de larmes dans un mètre d'eau stagnante (parsemée de lentes d'eau).
En faisant des bulles.


Chapeau: Habit qui est passé de nécessaire à subsidiaire, avant d'accéder au terme, des plus recherchés, de désuet. La calvitie, qui se rit des modes, autorise le port du chapeau sans risque d'outrepasser les impératifs du fashionnable.

Puzzle: Hobby sensé procurer un zeste de zen, dans un monde d'agitation et de folie. Ce serait sans compter avec la folie inhérente à l'être humain. La prochaine fois que vous êtes confronté à un pratiquant du puzzle, ou céphaloclastophile, nom barbare s'il en fût jamais, regardez-le bien. ( Depuis un endroit sûr, ô prudent lecteur. Je suggère l'embuscade derrière un sofa de cuir épais ou mieux, derrière un arbre, avec des jumelles.)
Vous verrez son front se plisser et des tics nerveux risquent même de sous-poudrer ses expressions les plus anodines. Vous contemplerez, alignés contre ses murs, des tableaux recrées à partir de fragments épars, autant de têtes de fauves en trophées, résistance dérisoire face au chaos irrémédiable. Il n'est pas impossible que vous ressentiez l'angoisse la plus profonde, celle que l'on ressent tous, confrontés au néant dernier et nos futiles tentatives d'y échapper.
Chercher à ordonner l'entropie ne connaît pas d'autre échappatoire que la folie. Tôt ou tard Et pourtant, pérenne lecteur, quoi d'autre? S'asseoir en cercle? Vaut mieux encore jouir du tour de rodéo, même à coups de puzzle et d'accordéon.

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