mardi 22 décembre 2009

Chroniques d'un décembre de force coubettes et plumets‏

guillotine: outil égalitaire de première catégorie.
Tous les décapités font la même taille.
Incomparable toutefois à la lapidation, cette exquise forme de démocracie:un homme, un caillou.

anesthésie
:substance qui permet d'atténuer, voire d'escamoter la douleur.
Il est amusant de noter que c'est souvent considéré comme nécessaire lors des douleurs concernant le corps, mais hautement réprouvé en ce qui concerne celles de l'âme.
Certaines personnes souffrent. D'autres, hélas! Préfèrent vivre leur vie entière sous anesthésie.
Fais ton choix lecteur: les brumes vaporeuses ou la blanche douleur?

mercredi 16 décembre 2009

Chroniques d'un décembre qui sautille dans le coin gauche‏

mardi: Jeudi à l'envers.

marée: terme qui désigne l'incessant mouvement de l'eau. Il est amusant de noter que cette dernière, lorsqu'elle se retire, laisse des débris, comme on vide ses poches en rentrant le soir. Il a été prouvé ( colloque d'Advent City, Spitzberg, janvier 2000 ) que les fêtes partagent la même constante que les marées: lorsqu'une fête se retire, elle laisse derrière elle des bouteilles vides ( rarement porteuses de messages, sauf si l'on considère une bouteille vide comme un message en soi), d'épars débris composés essentiellement de cendres, de papiers, d'instruments incompréhensibles venus des tréfonds de certaines civilisations et immanquablement des naufragés aux yeux hagards.
Le pluriphysicien Paul Melun, dans son ouvrage bien connu ( Une illumination au Super U, presses universitaires de Blois, édition annotée et commentée, 2001), fait remarquer que ce que l'on nomme fêtes, n'est rien d'autre qu'une seule et unique fête, sujette à des fluctuations.
L'homme de goût, comme le marin de renom, sait toujours se retirer avec elle, pour ne jamais connaître les affres du ressac. Ainsi:

- Je suis le courant depuis quinze jours : j'ai assisté au bal de la confrérie des rempailleurs de chaises, aux fameuses mascarades des caissières de l'hyper-Marché de Limay, à une soirée dans un appartement de Portishead comptant quatre vaches et une douzaine d'invités déguisés en laitières, au légendaire éffeuillage des camionneurs de la gare routière de Belgarde, ainsi qu'à un vernissage à Aubonne, comprenant soixante kilos d'oeufs, une cible, trois kilomètres de scotch et une suédois unijambiste déguisé en poulet.

Paul Melun, une illumination au Super U, op.cit.


discipline: choix d'un horaire, d'un carcan et d'une étiquette. Que ton horaire soit rempli, que ton carcan se confonde avec le ciel, ô lecteur! et que ton étiquette soit jetable, recyclable et en confettis.

vendredi 11 décembre 2009

Chroniques d'un décembre bien frappé, avec une olive et beaucoup de glaçons‏

Luminaire: insecte géant, fruit des expérimentations démentes des stylistes, le luminaire comprend beaucoup de sous-espèces, parmi lesquelles la lampe d'apparat, le lustre, l'humble veilleuse ou le dégoûtant néon. Pendant la nuit, lorsque les humains dorment, ils marmonnent dans leurs charabia de luminaires. Parfois ils se déplacent, cherchant un sens à leur vie absurde.
Il est peu de choses aussi tristes qu'un luminaire gangrenée d'existentialisme, ou en proie à des crises de foi.

répéter:bien souvent, commettre une faute de goût.

séduction
: denrée des plus rares, qui peut se dissimuler au coin des yeux, dans les mains, les pieds et même les oreilles. Toutefois, de récentes recherches (colloque du jardin de L'Alcazar, Séville 2003) s'accordent aujourd'hui pour considérer que le plus souvent, un des emplacements les plus sûrs reste la gorge et ce, bien après qu'elle ne se soit évaporée ( car la séduction, gaz extrêmement rare, s'évapore bien plus facilement que l'azote) de tous ses autres emplacements.
Etre séduit, n'est que céder à une force aussi indiscutable que la gravité.
Il est aussi facile de s'en défaire que de flotter dans les airs.

vendredi 4 décembre 2009

Chroniques d'un décembre sur la pointe des pieds‏

opinion: choix que l'on considère comme sien. A notre heure de partage tout azimuts, il est toutefois possible de céder son opinion, ainsi que sa capacité à penser par soi-même, contre un pourcentage de sécurité.
Il est des gens qui changent d'opinion comme de chemise, ce qui est assez triste et d'autres, eux, qui n'assument pas les leurs et se contentent d'adopter certaines opinions qu'ils ne voudraient pas voir exposées à voix haute, parce qu'elles ne sont pas si bien que ça. C'est définitivement nauséabond, bien que cela rassure, comme le disait le Poilu Inconnu ( et qui tient à le rester):

- C'est celui debout sur la barricade qui prend les balles.

Il faut plus de courage pour allumer le bûcher d'une sorcière que pour agiter sa fourche à l'arrière en scandant, (un peu moins fort que les autres) ouais, c'est ça et autres j'aurais pas mieux dit!
Sois un imbécile, ô lecteur, mais un imbécile original. Sache esquiver la bêtise industrielle, dont la marque de fabrique est le label: Il fallait que quelqu'un le dise, hélas disponible dans toutes les salles où les gens se regardent entre eux avant de savoir s'il doivent applaudir ou huer.

berger: joyeux luron qui décide où paissent des ovins ou des bovins décérébrés mais heureux, parce que leur herbe est verte.
Il est un détail à propos des bergers que leurs sympathiques animaux ignorent: un jour, ils le suivent dans une grande maison, là où travaillent de grands hommes tranquilles, vêtus d'un blanc virginal.
Et le berger ressort.
Tout seul.


passé
: Illusion entretenue et polie avec soin, qui peut être déformée à volonté.
Inévitable matériau pour élaguer un présent, mais qui ne s'adapte mal aux normes de construction d'un futur.