mercredi 30 septembre 2009

Chroniques d'un septembre qui s'enfuit l'été sous le bras

vertement: Mot qui ne peut survivre que dans certains écosystèmes linguistiques précis. Caractérise un certain type de remarques. Vertement à besoin du verbe tancer, autant qu'une gonade à besoin d'eau salée.Voici un exemple de remarque qui pourrait recevoir le label vertement.

Ex: - Faut-il que je porte mes bagages moi-même? Que sont ces grandes choses aussi molles que ridicules qui pendent au bout de vos bras? De la pâte à pain?

Les gens qui se permettent de tancer vertement leur prochain ont généralement l'âge comme argument. Argument discutable, car ce n'est pas parce que l'on était en couches le jour du débarquement que cela donne le droit de martyriser son prochain au moyen des mots. De plus, lorsque l'on est vieux, la cours à pied devient un exercice des plus compliqués.En fait, tancer vertement peut être une forme de suicide, surtout avec du petit personnel excédé: combien de fois a-t-il fallu désincarcérer une vieille dame, par ailleurs fort digne, de sa valise en crocodile, tandis qu'à ses côtés se tenait un chasseur, le regard vide et la bave aux lèvres? Combien de vieillards couchés à plat ventre sur un tapis roulant tandis qu'une caissière consciencieuse leur enfonçait avec détermination des carottes dans les oreilles?
Lecteur, si tu viens à vieillir, ne tance pas vertement. A moins d'être pourvu de gardes du corps.
Hélas, le plaisir, une fois encore, est chose de nantis.

humain:sous forme de nom, représente une espèce de primate classé parmi les grands singes. Sous forme d'adjectif, il justifie des erreurs de jugement, des guerres et même le fait de jouer de l'accordéon. Le plus amusant, c'est qu'il est aussi utilisé pour considérer une conduite positive et digne.
Voilà une énigme insoluble.

frustration:Grand moteur de l'humanité. la frustration s'apparente à la haine, mais sa cible est le monde entier. Surtout le monde entier qui nous empêche de (biffer ce qui convient) : nous réaliser/ être reconnu pour son génie/ obtenir cette fabuleuse maison, voiture, femme, bijou, homme, caniche, table design qui ressemble à un pot de chambre, photo avec Alain Delon.
Les gens souffrant de frustration se retiennent à grand peine de balancer leur genou dans l'entrejambe de l'univers et le plus souvent, ils ne se retiennent pas de le faire, pourvu que leur conduite soit démocratiquement jugée comme nécessaire.
Celui qui en est victime étant, bien entendu, en minorité absolue.

vendredi 25 septembre 2009

Chroniques d'une lent crépuscule inexorable

consolation: ce que l'on garde lorsque l'on obtient rien. Cela peut être un prix dépourvu de sens et les prix étant toujours laids, ce qui les sauve de l'oubli est le sentiment qu'ils génèrent. Que subsiste-t-il si on leur retire cette lueur de victoire? Au choix: une coupe laide à faire avorter une nonne, une médaille qui ne ressemble à rien, voire un bouquet qui rend honneur aux légumes.
La consolation est une espèce de certitude qui soutient,( contre la réalité des plus tangibles) que les choses auraient quand même pu tourner à notre avantage et qu'au final, on a presque gagné, même si on a perdu.
La consolation, c'est la défaite qui se regarde dans le miroir et se trouve un air de famille avec la victoire.

mercredi 23 septembre 2009

Chroniques d'un été dans une petite urne

désolation: paysage dévasté qui prend généralement tous son sens dans un bureau entre sept heures trente du matin et neuf heures. Oublie Azincourt, Verdun et Waterloo, ô lecteur et contemple, oui, contemple les visages de ces hommes et de ces femmes: leurs yeux cernés, le pli amer au coin des lèvres, l'impression que de leurs sourcils à leurs lacets, tout est en train de tomber,vaincu par le poids de la terre.
Si l'enfer existe, il ne sera pas écarlate, paré de costumes baroques, de ricanements imbéciles et de sourires sardoniques sous des cornes d'opéra italien, non. Il sera blême, grisâtre et chacun de ses démons sera ton collègue qui souhaiterait tellement être au Bahamas.
Pour gagner cet enfer, nulle grotte, mais la porte de n'importe quel office.
Toi qui rentre en ce lieu, à ces heures grotesques, abandonne tout espoir.


apprendre: à première vue, acquérir des connaissances. En réalité, le plus souvent, il s'agit d'abandonner des idées reçues.

lointain: ce pays où nous irons quand nous aurons le temps, l'argent, l'envie.
Ce pays qui est tellement plus beau qu'ici. Ce pays où les gens son sympathiques, ouverts et compréhensifs. Ce pays dont l'eau est du nectar et le soleil, une caresse.
Ce pays qui n'existe pas en un seul morceau, mais que l'on arpente tout au long de son existence.

automne:la seule saison où on s'emploie à raconter celle qui l'a précédée. Que l'on peut représenter par un bonhomme paré de lierre et de pommes, fleurant bon le beaujolais nouveau ou comme un grand échalas qui nous tourne le dos, les poings serrés dans les poches, la tête courbée sous la pluie.
Encore et toujours une question de choix.

jeudi 17 septembre 2009

Chroniques d'un septembre de limbes et de limbo‏


tarter
: appliquer bruyamment le plat de la main sur le visage d'un tiers. Cela peut être considéré comme thérapeutique, lorsque l'on est le donateur: il a été prouvé que le fait de tarter prévient les ulcères d'estomac.
A n'utiliser, toutefois, qu'à doses homéopathiques.

maudire: volonté dérisoire d'un individu prétendant se substituer au destin.

Ex:- Que tes intestins se dessèchent tandis que tu mangeras du tapioca!


Ne maudis pas, ô lecteur! Contente-toi de regarder attentivement la vie d'autrui.
Tu réaliseras que toute malédiction est superflue: le hasard possède un budget illimité et les meilleurs scénaristes de la place.

tergiverser: faire des claquettes sur du sable mouvant.

bizarre
: qui sort du commun. A noter que le mot bizarre est lui même assez bizarre. Toutefois savoir ce qui est bizarre n'est une fois encore qu'une question de normes:

Ex: - Tu as vu? Il n'a que trois tentacules!
- C'est vraiment bizarre.


politesse
: vertu que l'on accorde avec ferveur à de parfaits inconnus, mais que l'on épargne généralement à ceux qui nous sont proches.
Cela peut également être une arme de moyenne portée envers des ennemis déclarés: il est des situations où le vouvoiement s'apparente à un Enola Gay survolant gaillardement Nagasaki.

mercredi 9 septembre 2009

Chroniques d'un septembre dans le sens du poil

bercer: provoquer l'engourdissement, puis le sommeil par un mouvement répétitif.
L'homme est le seul animal qui peut se bercer seul, d'illusions, d'amour et de rêves de gloire.

Ex: - Vous verrez Higgins, nous marcherons côte à côte, lorsque nous franchirons le portail de Westminster. La reine elle même nous fera lords.
- Avec la médaille, Général?
- Avec la médaille, la coiffe et la cape. Mais avant cela nous devons encore nous occuper de ces quelques pingouins.


astucieux: adjectif qui suggère un certain type de personnage: des yeux pétillants,des taches de rousseur, un béret et les mains dans les poches. Le brin d'herbe est en option. L'être astucieux doit avoir des intentions modérément bonnes, à savoir, ne pas vouloir quelque chose de plus que voler quelques pommes, ou lancer quelques cailloux sur un chat attaché à un piquet ( avec le scotch en option).
S'il dépasse les bornes, il devient rusé, ce qui suggère plus de préméditation ( et d'intelligence) ou diabolique ( ce qui laisse entendre une accointance avec le plus malin d'entre tous).
A ce moment-là, il perd ses droits sur le béret et le brin d'herbe.
Les gens astucieux sont généralement brûlés une fois reconnus.
Personne n'aime les petits malins qui volent des pommes et partent en lançant une réplique de ce style: haha! ces pommes sont délicieuses! ou encore mettez en de côté pour la prochaine fois!
Si vous avez un problème de petit malin qui non seulement croit avoir inventé la poudre mais aussi l'eau tiède, ô lecteur, ne soit pas désemparé. Il existe une société secrète habilement dissimulée sous l'appellation PLM! ( Pendez les Petits Malins!) qui sera ravie de te prêter assistance, secours et matériel.

bastonnade
: divertissement en voie de disparition. On peut être bastonné avec style. Au Cambodge, les gens de sang royal ne pouvaient être bastonnés. On les plaçait alors dans un sac en soie la plus fine, puis on appliquait vigoureusement sur ledit sac du bois de santal parfumé, manié par des gens qui s'étaient lavés les mains.
Tout n'est qu'une question de protocole.

vendredi 4 septembre 2009

Chroniques d'un septembre qui ne fait pas dans la dentelle‏

orgueil: mesure que l'on a de soi-même, dans le sens positif du terme. Un des plus grands fléaux de l'humanité. L'orgueil est auto-suffisant: il n'a besoin d'aucun motif.
On peut simplement être fier d'être fier. Quand on atteint ce stade là, généralement, plus rien nous touche.
Mais nous touchons plus personne, non plus.

vestiges: ruines distinguées qui suggèrent un passé forcément supérieur à ce qu'il était en réalité.
Il en effet fort rare que l'on entende parler des vestiges d'une fosse d'aisance, ou des vestiges d'une superette.
Appliqué métaphoriquement, il peut suggérer l'ombre portée de sentiments éprouvés autrefois. Ces sentiments sont alors plus grands, plus purs et beaucoup moins vrais que ce qu'ils étaient en réalité.
Lecteur, ne te laisse pas prendre au jeu: personne n'est une noble civilisation disparue.

barbe
: poils que certains hommes arborent et certaines femmes évitent.

victoire
: lorsque certains faits de la réalité conspirent en notre faveur.

Ex: - Higgins, je crois que nous pouvons considérer ceci comme une victoire.
- Le gros météore qui est tombé sur ces maudits volatiles nous a aidés, général.
- Si peu, mon bon, si peu.

jeudi 3 septembre 2009

Chroniques d'un septembre en saut de talons bipolaires‏

Rentrée: Morne moment ou chacun décide qu'une année encore, il jouera au même jeu, pourvu des mêmes règles, en compagnie des mêmes joueurs, souvent au même endroit. Si un de ses conditions n'est pas remplie, alors ce n'est pas une vraie rentrée.
Une fois passée, il est intéressant de voir combien d'individus sont déçus du spectacle et cherchent le vomitoire au plus vite.
Il y a un point positif toutefois: généralement, la nature, artiste mime au grand talent, se met au diapason au plus vite et ne lésine pas sur les effets, ce qui permet, même aux incurables, de comprendre que cette fois, ça ne plaisante pas.
Va lecteur, va.
Elle t'attend.

Chroniques d'un septembre en trompettes et cotillons‏

parler: dégrader des idées avec des mots. Ce qui s'apparente au mensonge. L'erreur commise par la majorité des humains ( les animaux, eux se contentent croit-on de cris inarticulés, mais selon l'étude du Groupuscule Armé des Joyeux Biologistes de la Salle 221, (GAJBS221) en réalité c'est un plan pour conquérir le monde. Mais silence! Il y a une mésange qui vous regarde, ayez l'air naturel.) est de croire que parler va arranger les choses.
Non.
Elles iront simplement dans la direction de celui qui est pourvu de la meilleure diction, des bons arguments ou du crâne le plus épais.

tomber: céder, par respect, aux lois de la physique élémentaire. Tomber est le propre de tout, tôt ou tard. Au sens élargi, on peut tomber malade ou amoureux, ce qui est sensiblement la même chose. Sauf que le second exemple a une résistance à tout type de traitement, ce qui n'est pas forcement amusant.
On ne sait toutefois pas si c'est une maladie transmissible.
Certains prient pour que ce soit le cas et d'autres, eux, prient pour être soignés.

abandon: prémisses de l'échec, sauf dans les romans victoriens:

Ex:- Venez Ernestine! voici le bateau qui nous emportera vers Bâton Rouge et le bonheur!
- Oh, Robert! Enfin! Nous serons ensemble, même si Père désapprouve notre union!
Et la jeune fille saisie d'un tressaillement, s'abandonna dans les bras de son aimé qui la contemplait avec l'ardeur d'un loup et la douceur d'une brebis.

Un amour et c'est tout, Henri Gavadda, 1997, hélas.

Toutefois, un abandon n'est pas toujours lié à un échec. Il est parfois une forme de sagesse, qui s'appelle lâcheté.
Il est fortement déconseillé d'abandonner, car, contrairement à Ernestine, on ne sait jamais dans les bras de quoi nous allons tomber.

timidité: sous-espèce de l'angoisse pourvue d'une fourrure rose et de grands yeux brillants.
Elle est ridicule, embarrassante, charmante une dizaine de minutes pour tout le monde, sauf celui qui en est victime.
Sous ses airs innocents, se cache un être diabolique qui est responsable de plus de dégâts que la Grande Peste.
Lecteur, si tu en as le courage, écrase la timidité à coups de pelle.