jeudi 30 avril 2009

Chroniques d'un avril de poussière et de mensonges‏

Spéculer: Prétendre qu'un produit prend de la valeur à chaque fois qu'il change de mains.

Liberté: amusante méprise humaine. Denrée qui n'existe pas, mais parvient tout de même à être repartie de façon injuste entre tous.
Elle a des sens aussi divers que variés: pour un esclave, elle signifie la fin des chaînes et le début de la ségrégation. Pour un retraité, la fin d'une occupation et le début de l'ennui au milieu de maquettes de bateaux et d'hortensias et pour un financier, le droit d'acheter à n'importe quel prix et de ne pas avoir à assumer les conséquences de ses actes.
On conçoit souvent la liberté de façon positive, sans songer que la liberté de réussir marche main dans la main avec la liberté d'échouer.
En réalité la liberté, si elle existait, ressemblerait plutôt à une épée sans manche et qui peut exploser à tout instant.

Tête: Partie du corps qui se situe généralement quelque part au-dessus des épaules. Siège de la raison et des sens et donc, source de nombreux ennuis.

Autodafé: Occupation salutaire destinée à libérer de l'espace dans des rayonnages, afin d'y mettre d'autres ouvrages. Etre un auteur dont les ouvrages sont brûlés est avantageux, un peu comme un vote de confiance. Beaucoup d'auteurs préféreraient voir leurs oeuvres imortelles brûlées que de les savoir dans une boîte au grenier sur laquelle est inscrit: chaussures hommes, jouets enfants, divers.
Cela en dit long sur la vanité des auteurs et l'esprit humain lorsqu'il est en butte à un phénomène qu'il ne comprend pas.

lundi 20 avril 2009

chroniques d'un avril funambuliste

détail: meurtrière de l'enfer. Le paradoxe du détail, c'est qu'au-delà de son insignifiance, on le remarque.
Il est des gens qui, pathologiquement, remarquent tous les détails de tout.
Généralement, ils deviennent décorateurs d'intérieur, stylistes ou pensionnaires dans un asile.
Il est à noter qu'il appartient à chacun de considérer un aspect d'une question comme un détail ou un fait capital.
C'est presque une philosophie en soi.

Ex: - Nous sommes victorieux, mon bon Higgins!
- Mon Général! Il reste encore quatre régiments de pingouins!
- C'est un détail, mon cher.

Ex: - Lâchez ce couteau Madame! Vous êtes cernée!
- Mais vous ne comprenez pas! Il ne lissait jamais la nappe!



Vrai:valeur que modifie le temps. Ainsi, si l'on affirme: ceci est une pomme, avec la certitude vertueuse de celui qui se sait dans le vrai, Il faut toutefois être conscient que la pomme deviendra immanquablement un trognon et ne sera donc plus une pomme.
Il est aisé de le concevoir cette influence du temps sur le vrai avec une pomme mais il peut être plus amusant encore de se permettre des assertions telles que: Ceci est mon mari, ceci est la loi, ceci est mon territoire, ceci est une jungle, ceci est la voie.

sol: une des seules certitudes irréfutables.

vendredi 17 avril 2009

Chroniques d'un avril qui revient de loin‏

Addition: opération qui consiste à ajouter une quantité à une autre, sauf s'il est sujet d'alcool, de nourriture, de bon temps et d'argent.
Un jour, ô lecteur! se présentera le serveur ultime, immaculé, avec sa petite moustache et son plateau d'argent, la dernière addition à la main, celle où le service est compris.
Rares sont ceux qui peuvent se permettre un pourboire avec celle-là.

Aube
: Lumière née de l'accouplement des éboueurs et des oiseaux, moment de regrets, de silences, d'aveux, de café, de culpabilité.
Certains la traversent comme une porte battante de Saloon, d'autres comme une attaque de goutte, d'autres encore comme une bénédiction.

Acariâtre
: Il est intéressant de voir que cet adjectif se décline presque toujours au féminin. Il suffit de l'entendre pour concevoir un visage capable de faire cailler le lait, des regards évoquant la gelée du matin, des châles et autres pardessus, des bas poilus et Dieu du ciel! une petite moustache.

Ennui
: petit frère braillard du Problème.

Ex: - Ciel! Général! Il en arrive de partout!
- Je vois cela, fifre. Où est Higgins?
- Derrière vous, Général!
- Oh. Higgins nous a l'air malade.

mardi 7 avril 2009

Chroniques d'un avril courant après le lapin blanc

Printemps: saison de la grisaille lasse, des longs jours, de la lumière aveuglante, des lapins qui pondent des oeufs et des oeufs contenant des lapins, des sourires effrénés et des rhumes des foins. Le printemps, c'est beau, sauf quand il pleut. Le printemps c'est sympa, sauf quand on éternue pendant vingt-quatre heures durant un mois.
Il est souvent symbolisé par une jeune fille blonde avec des marguerites dans les cheveux.
Elle est toujours très belle.
Elle sourit comme si c'était une question de vie où de mort.
Elle n'existe pas.