jeudi 15 septembre 2016

Chroniques d'un septembre de mouchoirs au vent

Départ:  Il est des départs qui se savourent comme un cadeau sous le sapin, et leur dégustation commence, lointaine, par l’expectative. Il s’agit des départs en vacances, et pour certains, sont de ceux qu’on déballe, sans fard, à l’aéroport, égrenant les minutes qui nous séparent de Bora-Bora, ou de l’île aux cochons.
Tous les goûts sans dans la nature, ô tolérant lecteur.
D’aucuns ne sont pas aussi plaisants. Il est des départs en routine, des voyages dont on ne perçoit plus le charme à force de répétition et de ceux-là, hélas, le quotidien en sait fournir une bonne plâtrée;  ce qui était une aventure, devient immanquablement une coche de plus dans un agenda élimé.
D’autres encore, se dégustent, mais à l’envers. On les aperçoit, sur l’horizon temporel, comme une primesautière cession de torture chez le dentiste, ou la délicieuse visite d’une parente abhorrée. Pareils aux vagues, semblables départs sont aussi inévitables que les impôts, mais moins amènes.

Selon le 3ème théorème de Melun-Trotzdème-Barry ( Télesphore Barry, spécialiste en statistiques improbables à l’institut Boîtes à Moustache Youpi! de Doel et auteur du best-seller Dissection, taxidermie et statistiques: au pinacle de trois passions, éditions apprendre en s’amusant, Hachette jeunesse.), la douleur d’un départ est proportionnelle au plaisir précédant celui-ci.

Grâce à un déguisement imparable de Salameche ( Pokémon de type feu), un stagiaire anonyme ( car stagiaire) a réussi à se procurer le protocole de l’expérience menée par les trois hardis chercheurs:

- Vingt-quatre étudiants.
- une soirée au Pacha à Ibiza.
- Une barmaid capable de préparer des
Ingénieux et des Long Island Ice tea.
- 70 bouteilles de Whisky Macallan 1926.
- Un jet privé affrété pour partir de la-dite cité espagnole.
- 300 sacs pour le mal de l’air en papier double épaisseur.
- Départ 03h00 du matin. Destination Beauvais.
- Visite aurorale du cimetière militaire de Beauvais. ( 05h30 du matin)
- L’expérience aura lieu le 14 novembre.


Les résultats, comme chacun le sait, ont provoqué une certaine sensation dans la communauté scientifique.
La question, invariable, qui surgit, est de savoir si la douleur d’un départ est justifiée par le plaisir qui le précède.
Les plus timorés choisiront sans doute la voie insipide: s’éviter la mélancolie par l’indifférence. C’est là à la portée de la première ophiure venue.
D’autres, masochistes, justifieront cette douleur diffuse des départs par le bonheur qui les précèdent.
La réponse, lecteur à la patience d’airain, est laissée à la discrétion de chacun.




Émétoaérosagophilie: L'humanité est toujours pleine de surprises. Parfois plaisantes, mais pas toujours.



vendredi 1 janvier 2016

Chroniques d'un décembre sur le fil affilé

Inconnu: qui va de la rétine de l'oeil jusqu'aux confins du vaste de monde selon certains, et aussi de la rétine de l'oeil jusqu'aux tréfonds du cerveau pour d'autres. L'inconnu provoque toujours des réactions fort contrastées chez le commun. La première est souvent la peur. C'est une réaction des plus naturelles, car les sapiens dépourvus de peur de l'inconnu n'ont souvent pas eu l'insigne honneur d'enfanter.
Toutefois, lorsque l'homme choisit de passer outre cette peur, on peut obtenir la découverte du feu, de terres vierges et de l'accordéon, ce qui confirme bien que toutes choses ne sont pas bonnes à connaître.
Le saut dans l'inconnu peut provoquer l'inconfort, mais il est un fait indéniable, ô lecteur épris de vastes horizons: si tu sautes assez souvent dans l'inconnu, il finira par te faire l'effet d'un trampoline.
N'oublie pas, cependant, la merveilleuse leçon de Piotr, cacique des saltimbanques : lorsqu'on saute, il faut toujours garder les yeux ouverts.  Sinon, tu risques de te manger ta propre rotule à l'atterrissage.

Te voilà muni, ô lecteur, du seul conseil indispensable. Chausse tes basanes et ton costume de scène: le merveilleux trampoline n'attend que toi.