vendredi 2 octobre 2015

Chroniques d'un octobre de libellules et d'espoirs

Cité :Nul n'a mieux résolu ce paradigme qu'Archibald Trotdzème, l'arpenteur de lieux, le capitaine de la Mecca, l'archange du Tresor, le batelier du Watergate: l’esprit humain est un objet des plus curieux.
Semblable en beaucoup de points aux cités, ses murs sont de raison et ses meurtrières, d’expérience.
En état de siège permanent pour celui qui ferme ses portes à la nuit tombée, craignant ce qui pourrait pénétrer dans sa tête, ravager les places bien ordonnées de son quotidien, piétiner les parterres de ses jardins bien pensants.
Certains esprits sont cités aux murs revêches, aux gardes méfiants et proprets, aux fontaines immaculées, auxquelles nul ne s’étanche. Les idées doivent y montrer patte blanche, afficher leur qualité d’étrangères, porter crécelles, étoiles, voiles et passe-droits.
D’autres sont cités de carnaval, assemblage incessant de tentes, aux pavés de poussière, aux places bruyantes, aux faces épanouies, aux cartes inexistantes. Esprits endossant ce qui tombe de toute table, changeant leurs couleurs au gré des vents, bouges catins vendant leur drapeau à l’encan.
Beaucoup sont des bourgades aimables, accueillant volontiers les idées étrangères à l’aune de leur fortune, aux maisons étroites, aux gardes souriants, parés de hallebardes bienveillantes.
Et oui, il est des cités qui se fuient elles-mêmes.
Des cités armées de périf's, des cités qui laissent glisser sur elles-mêmes les idées, comme la pluie sur la barbe d'un mineur auvergnat, imperméables au changement, comme à l'échange. Des cités abreuvées d'écrans, de néons, de twits, de chats, de blogs de spams, de buzz et d'or des fous. Sol Star et E.B Farnum en rient encore.
On le dit des vieilles cités, mais pas de toutes. Lyon, La Paz, Prague, ont su embarquer les futurs éons, sans oublier qui elles sont. D'autres s'oublient, comme un vieillard dans des couches discutables. Il n'est point de reproche possible. La vie s'en charge elle-même.
Il est des Jérusalem célestes, au tracé parfait, aux ruelles dépourvues d'ombre. Méfie-toi, lecteur, autant que de l'homme qui ne craint qu' un seul livre,  car il n'est de pire lieu qu'un paradis hors de tes espérances. Les vitraux fixes ne laissent que peu de place à la dissidence, et moins encore à l'imaginaire.
Oui, lecteur, personne ne se souhaite une Brasilia embrasée de rêves étrangers, et moins encore une Babylone damée des aspirations d'autres. Entre héritage et nouveauté, à chacun venu, comme toujours, la découverte ou l'ignorance.